Arcelor Mittal, Bekaert, Durobor, AGC, Meister, KraftFoods, Petroplus, Ineos, Cogebi, Philips, Thissen, Dexia, BNP Paribas… ce n’est qu’un petit échantillon des entreprises qui ont annoncé des licenciements ces derniers temps.
Et combien d’autres entreprises ont des plans de licenciements déjà dans les tiroirs? Mais dont les premiers concernés, les travailleurs, ne seront informés qu’une fois les décisions prises, comme chez ArcelorMittal, ou comme les travailleurs le craignent en ce moment chez Philips à Tongres.
Et combien d’intérimaires et de travailleurs sous CDD sont en ce moment poussés au départ vers les bureaux de chômage, après avoir tout donné pour décrocher un CDI ? Personne ne les compte, car officiellement, ils ne sont pas licenciés. Comme si pour les travailleurs sous contrat temporaire c’était moins catastrophique de perdre son salaire !
Mais quel travailleur peut aujourd’hui être sûr d’avoir encore un travail demain?
Pour chaque licenciement, nous avons droit à un chapelet de justifications: ici c’est l’évolution du marché de l’acier qui est en cause, là, la concurrence avec les pays producteurs moins chers. Ici, on délocalise une partie de la production, là, c’est la faillite.
Mais toutes ces explications qui tentent de nous présenter les licenciements comme une fatalité n’enlèvent rien au fait que derrière chaque licenciement, il y a la volonté de patrons et d’actionnaires de maintenir leurs profits et souvent d’en faire plus !
Le choix des capitalistes des grandes entreprises et des banques est vite fait entre leurs dividendes et les emplois des travailleurs. Mais en jetant des milliers de travailleurs au chômage pour sauver leurs profits, les capitalistes déclenchent une véritable réaction en chaîne, car plus il y a de chômeurs, plus le pouvoir d’achat des travailleurs baisse, moins il y a de clients pour les maisons, les voitures, les cuisines équipées… et moins les entreprises peuvent vendre.
Les petites entreprises qui font faillite en sont souvent la conséquence. Combien de fois aussi, la faillite résulte du fait qu’une maison mère ait vidé les caisses avant de partir, comme c’était le cas chez Thissen Laboratoires. Ou ce sont les très gros clients qui peuvent imposer des baisses de prix ou changent de fournisseur, si ce n’est pas simplement la banque qui refuse d’accorder un crédit…
Et plus ils créent de chômeurs, plus les patrons exercent le chantage à l’emploi. Ainsi, chez Durobor à Soignies, le repreneur a pu, avec la complicité du gouvernement wallon, imposer aux travailleurs restants une baisse des salaires de 20%. Baisse que subissent aussi les employés de banques licenciés qui réussissent à retrouver du travail.
Voilà pourquoi les menaces de licenciements ou de suppressions d’emploi ne sont pas seulement l’affaire des travailleurs directement concernés, mais de l’ensemble des travailleurs, y compris ceux qui ont encore un emploi. Il faut que le combat contre le chômage, qui commence par la lutte contre les licenciements et les suppressions d’emplois, soit un des premiers objectifs d’une lutte de l’ensemble du monde du travail.
Le seul objectif qui offre une issue et autour duquel tous les salariés ont intérêt à se retrouver est l’interdiction des licenciements, quitte à répartir le travail qui reste entre tous sans diminuer les salaires. Les fonds pour financer tout cela existent, à condition de puiser dans les sommes extravagantes, livrées par les États au monde de la finance sous prétexte de sauver les banques, et qui ne servent qu’à financer la spéculation. L’écrasante majorité de la société, et pas seulement les ouvriers et employés des grandes entreprises et du public, mais aussi les artisans, commerçants et professions libérales, aurait intérêt à ce que ces sommes soient consacrées au maintien et même au développement de l’emploi.
Il faudra aussi imposer l’arrêt des suppressions d’emplois dans les services publics indispensables à la population. Il n’y a pas trop de personnel hospitalier, pas trop de cheminots, pas trop de postiers, pas trop d’enseignants ! Il faudrait également contraindre l’État à créer des services publics dans les secteurs où le capitalisme privé est totalement défaillant, à commencer par la construction de logements corrects accessibles aux travailleurs.
Il ne faut pas espérer cette politique d’un gouvernement. Il faudra l’imposer par la lutte collective du monde du travail.
Si nous ne voulons pas être transformés en chômeurs puis poussés vers la misère, nous n’avons pas d’autre choix !