Contre la politique du patronat, il faut préparer les luttes de demain.

Dans le monde des politiciens les bagarres de bac à sable autour des premières places sur les listes électorales vont sur leur fin. Les dirigeants des partis socialistes sont passés au mode des promesses électorales et sortent des solutions miracles de leur chapeau : Magnette promet un job à chaque jeune 18 mois après la fin de l’école. Johan Vande Lanotte promet une augmentation des salaires modérés tous les deux ans, qu’il veut financer en obligeant les riches à payer leurs impôts.

Voilà pour le décor féérique à destination des électeurs qui voudraient encore croire au Père Noël.

Mais peu importe de quels partis il sera composé, le programme du futur gouvernement est déjà écrit. Luc Coene, gouverneur de la banque nationale, l’a présenté mercredi passé. Et c’est simple : point 1 : encore plus d’austérité. Et point 2 : baisses des salaires. Sous des allures qui se veulent scientifiques et « neutres », il reprend exactement les axes du programme que défendent toutes les organisations patronales.

Et on sait déjà que c’est ce programme-là qui va être appliqué par les partis socialistes, chrétiens, humanistes, libéraux, écologistes ou nationalistes qui seront au gouvernement. L’emballage changera peut-être, mais derrière l’emballage, le programme reste le même : celui du patronat.

Oui, les capitalistes peuvent compter sur les partis au gouvernement pour appliquer leur programme : faire payer les travailleurs pour rembourser une dette qui est celle des capitalistes, intensifier l’exploitation pour augmenter leurs profits.

Les travailleurs de leur côté ne peuvent attendre aucun mieux, tant qu’ils ne se donnent pas comme objectif de réduire les profits des capitalistes. Les profits actuels comme ceux accumulés toutes ces années par les grandes fortunes.

Il n’y aura pas création d’emplois sans prendre sur les profits pour répartir le travail entre tous avec maintien des salaires, quitte à interdire les licenciements sous peine de réquisition !

Sans obliger les capitalistes à réduire leurs profits pour augmenter les salaires, les salaires ne peuvent que baisser.

Et sans obliger les capitalistes à rembourser leur dette eux-mêmes en prenant sur leurs fortunes, l’austérité, les suppressions d’emplois dans les services publics, les licenciements dans les communes, la dégradation de l’enseignement, des soins de santé… ne peuvent que continuer.

Il ne suffira pas de voter pour cela. Ce ne sont pas les élus au parlement, même s’ils en avaient la volonté, qui auraient la capacité d’imposer aux capitalistes de réduire leurs profits pour pouvoir prendre ne fut-ce que ces mesures d’urgence contre le chômage et la misère. La seule force capable de contraindre les capitalistes à sacrifier au moins une partie de leurs profits, c’est la classe des travailleurs mobilisée et déterminée à défendre ses intérêts.

Ces luttes, on ne les verra peut-être pas d’ici le 25 mai. Et cela d’autant moins que les travailleurs ne peuvent pas compter sur les directions syndicales pour opposer à la politique du patronat un véritable programme de défense des travailleurs. Car les dirigeants syndicaux sont du même monde que les politiciens au service du patronat, ou aspirent à y entrer, ce qui se mesure encore en ce moment où des places leur sont réservées sur les listes électorales des partis de gouvernement. Ces appareils syndicaux ne peuvent que freiner les luttes quand les travailleurs voudront aller plus loin que ces limites, comme ils l’ont fait lors des grèves de 60-61 et dans tous les mouvements importants depuis.

Oui, le patronat et les gouvernements ont beaucoup d’atouts dans leurs manches et peuvent payer beaucoup de personnel, dans les ministères, dans les allées du pouvoir, dans les médias et jusque dans les organisations syndicales, pour tromper et désarmer les travailleurs.

Mais la colère finira par éclater. Et c’est pour ça que dans les luttes de demain, il faudra que les travailleurs se donnent leurs propres organes de direction des luttes, élus et révocables à tout moment, sans privilège, liés et redevables uniquement aux travailleurs en lutte.

Face à des travailleurs conscients, ne comptant que sur eux-mêmes et organisés de façon démocratique, le patronat et ses défenseurs seront impuissants.