Congo : les racines impérialistes de la guerre au Kivu

Le cycle de guerres qui s’enchaînent depuis des dizaines d’années au Kivu, la région orientale du Congo, vient de prendre une nouvelle ampleur. Le groupe armé M23, soutenu par le gouvernement rwandais, s’est lancé dans la conquête de la ville de Goma, plaque tournante des minerais congolais. Le groupe sème sur son chemin la terreur, multipliant les massacres, pillant les populations locales et déclenchant la fuite de plus de 30 000 personnes.

Les Etats européens, dont la Belgique, ont divisé cette immense région en États artificiels et concurrents lors de la domination coloniale : Congo belge, Congo français, Rwanda, Ouganda… Depuis, tous les conflits de la région tournent autour du contrôle des ressources naturelles. 

Les immenses richesses minières du Congo font depuis des décennies le malheur de sa population, de nombreux groupes armés s’affrontent pour le contrôle des minerais. Pour recruter, les milices ou les rebelles n’hésitent pas à s’appuyer sur les tensions ethniques. À Goma, dans la ville assiégée par le M23, l’armée congolaise pousse à la haine contre les rwandophones qui habitent pourtant la région depuis bien avant que les États européens ne créent des frontières arbitraires entre le Rwanda et le Congo. Certains congolais craignent même que les tensions ne débouchent sur un nouveau génocide, tant les propos entendus peuvent être violents (“on va les tuer”).

Cette situation catastrophique est le résultat du pillage colonial et néocolonial du pays. Pendant des années, les capitalistes belges de la Société Générale ont formé au Congo une caste de militaires violents, prêts à tout pour obtenir des primes par une exploitation sans merci des travailleurs congolais. Cette caste a continué à servir les intérêts impérialistes occidentaux sous Mobutu, qui a fait exploser la dette publique du Congo avec les “éléphants blancs”, ces projets de construction faramineux mais inutiles et ruineux, à part pour les profits juteux des grands groupes capitalistes. 

Depuis la chute de Mobutu en 1997, qui maintenait l’unité du pays par la répression, le pays a vu s’enchaîner les guerres civiles entre les différentes parties de l’armée et les pays voisins, chacun cherchant à contrôler une partie rentable du territoire. 

Si les multinationales ne sont plus directement présentes sur le territoire congolais, c’est seulement parce qu’elles sous-traitent le sale boulot à des entreprises spécialisées avec la complicité des institutions internationales. Par exemple, la certification ITSCI, reconnue par l’OCDE, qui est censée assurer que les minerais qu’elle certifie ne viennent pas du travail des enfants ou n’ont pas servi à financer des groupes armés, se retrouve à faire exactement le contraire. Une enquête de Global Witness a montré que plus de 90% des minerais certifiés ne correspondent pas aux critères, ce qui n’a déclenché aucune réaction de l’institution. Cette certification sert uniquement à blanchir l’origine des minerais pour éviter une mauvaise publicité… Ces minerais sont ensuite envoyés à des entreprises exportatrices, avant d’être revendus à Apple, Tesla, Intel, HP, etc. 

Ce sont les mêmes capitalistes occidentaux, qui profitent largement du pillage des ressources congolaises, qui soutiennent l’appareil d’État corrompu des pays africains. Ainsi au Congo, 68% du budget de l’État part dans les revenus ou l’entretien de la bureaucratie.

Ce sont bien évidemment les populations qui subissent toutes ces violences. Pour elles, ce sont les massacres, les viols, les villages et plantations brûlées, le bétail volé. Les survivants sont condamnés à un travail forcé dans la mine, sous la menace des groupes armés. Lorsqu’un groupe rival s’empare de la mine, ce sont les premières victimes. Aujourd’hui,  40 000 enfants doivent y travailler, ils doivent parfois descendre sous la surface plus de 24 heures pour récolter les précieux minerais. Le travail est insoutenable et payé une misère : pour un sac de 50kg, obtenu au fond de la mine, transporté ensuite plusieurs jours à pied dans la jungle, les travailleurs obtiennent tout juste 4€… Le sac se revendra à 930€ sur le marché mondial !

Contrairement à ce que prétendent les ministres occidentaux qui se bousculent pour proposer leur aide militaire, à commencer par la Belgique, aucune paix ne viendra des États impérialistes. Ce sont eux qui ont démarré l’incendie, qui l’alimentent, et qui cherchent à capter les richesses du pays et à exploiter ses travailleurs pour leurs bourgeoisies nationales. 

Aucune paix n’est possible sous le capitalisme. Mais l’exploitation impitoyable que subissent les travailleuses et les travailleurs congolais suscite sans cesse plus de révolte et de colère. Le seul espoir réside dans leur mobilisation victorieuse contre le capitalisme !