Dans la foulée des attentats à Paris et des arrestations en Belgique, le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA) a annoncé sur un ton viril qu’il allait s’occuper « personnellement » de Molenbeek, stigmatisant au passage les habitants de cette commune bruxelloise pauvre qui, selon lui, est trop souvent cité dans des affaires de terrorisme.
Selon lui, il n’y a plus de problème (de radicalisation de jeunes) dans les autres centres urbains, et de citer comme exemple de « réussite » la ville d’Anvers où son chef de parti Bart De Wever est bourgmestre.
Anvers ? C’est là où une fillette de 14 ans d’origine syrienne a récemment été conduite à l’hôpital après avoir reçu une balle soi-disant « less lethal» (moins mortelle) d’une arme « anti riot » (contre les émeutes). C’est pour renforcer la police et équiper sa nouvelle section anti-terroriste de ces armes que De Wever, avec l’appui du Vlaams Belang, a su trouver 310 millions d’euros dans les caisses de sa ville pourtant « obligée » de licencier du personnel dans les associations sociales et culturelles.
L’institution pour jeunes en difficultés où l’adolescente était hébergée avait appelé la police locale lors d’une crise violente où cette adolescente visiblement en détresse psychologique s’était surtout blessée elle-même. C’est alors qu’ils ont vu débarquer la nouvelle force d’intervention rapide, la section anti-terroriste hyper-équipée créée par De Wever au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, qui a « neutralisé » l’adolescente.
Début octobre, la même force d’intervention a fait évacuer tout un immeuble de la banque ING suite à un tweet humoristique d’un stagiaire qui contenait l’expression « allah u akbar ».
Quand les forces armées dressées pour voir un terroriste en herbe dans chaque jeune issu d’un quartier populaire et immigré auront fait un premier mort innocent à Molenbeek et provoqué des émeutes, ils feront quoi ? Construire un mur tout autour du quartier ? De tels ghettos ont déjà existé…
Il ne faut pas les laisser faire. Le terrorisme est un non-sens qui a pour résultat de renforcer la police et les gouvernements les plus anti-populaires, plutôt que les affaiblir. Mais les jeunes des quartiers populaires ont toutes les raisons de se révolter contre ce système qui les condamne au chômage et aux contrôles policiers incessant. C’est le mouvement ouvrier avec ses luttes collectives contre la misère et le chômage, qui peut éviter aux jeunes de tomber dans les filets des mouvances réactionnaires, terroristes et barbares.