Chauffeurs de taxis salariés ou indépendants, Heetch ou Uber, même exploitation!

Cela fait maintenant 15 mois qu’une grande partie des conducteurs de taxis reçoivent le chômage temporaire. Avec la fermeture des frontières, les courses depuis l’aéroport ou depuis les gares, qui faisaient la majorité de leur activité, ont drastiquement diminué, de 75 à 80%. Pour tous les chauffeurs, au chômage ou non, cela signifie des sacrifices supplémentaires pour les travailleurs d’un secteur déjà très précaire.

Quel que soit leur statut (salariés, indépendants, uberisés), tous peinent à gagner leur vie dignement, malgré des journées qui dépassent souvent les 10h. C’est le cas des taxis salariés qui sont toutefois payés à la course, et qui doivent parfois enchaîner des semaines de 12h par jour et des week-ends de travail ininterrompu.

Cette surcharge de travail est également un grave danger pour leur santé. En plus des risques d’accident qui augmentent avec la fatigue, au moins 3 chauffeurs sont décédés d’arrêt cardiaque.

Un chauffeur salarié témoigne : « Nous travaillons souvent 72h par semaine, mais comme la compagnie ne compte que les temps de course, il ne compte qu’un maximum de 38h par semaine. Dans la plupart des compagnies, les chauffeurs sont obligés de travailler 12h par jour, afin que le taxi soit utilisé 24h/24h. Évidemment, nous travaillons souvent la nuit, ce qui coûte plus cher au client, mais ne nous rapporte qu’une prime de… 1€ par nuit. Pendant ce temps, les patrons continuent à toucher 76% de nos courses ! »

Les indépendants ne sont pas mieux lotis. Ils sont dépendants d’une centrale d’appel, comme les taxis verts ou les taxis bleus, qu’ils doivent payer 500 à 600€ par mois, en plus du coût de l’entretien de leur taxi et de l’assurance. Du côté des chauffeurs Uber ou Heetch, ceux-ci se retrouvent avec un salaire très incertain, gagnant entre 700 et 1 700€ pour 60h de travail par semaine en moyenne.

Tous ces chauffeurs ont régulièrement exprimé leur mécontentement dans la rue, que ce soit les taxis contre Uber en 2015, contre le plan taxi en 2018, ou plus récemment les chauffeurs Uber contre l’interdiction d’utiliser leur Smartphone au volant.

Les chauffeurs de taxis ont raison d’être en colère et de défendre leur gagne-pain. Mais toutes ces mobilisations ont chaque fois été encadrées et récupérées par les compagnies de taxis ou par Uber pour faire pression sur le monde politique et défendre leurs intérêts à eux, de patrons et donneurs d’ordres. Comme a témoigné un chauffeur dans la presse : « Les organes de représentation officiels sont dominés par des exploitants […]. Ils prétendent protéger les chauffeurs alors qu’ils défendent uniquement leurs intérêts. Pour eux, les chauffeurs sont des vaches à lait qui ne peuvent pas se rebeller puisqu’il y a une forme d’entente entre exploitants sur les conditions de travail. »

Car ce qui intéresse les patrons (les compagnies de taxis, les centrales d’appel ou les plateformes en ligne) c’est avant tout de se prendre les parts de marché les uns aux autres, pour faire plus de profits, en mettant en concurrence les travailleurs les uns contre les autres. Chauffeurs Uber et chauffeurs de taxis fournissent un travail utile et nécessaire. Et pourquoi le service taxi n’est-il pas un service public accessible à toutes et tous ?!