Capitalisme en faillite

Selon la société d’information Graydon Credit Safe, 1 997 faillites ont été déclarées en Belgique au cours des deux premiers mois de l’année. Les emplois de 4 257 travailleurs sont menacés. Parmi les secteurs les plus touchés, la construction a enregistré 442 faillites, dépassant le précédent record de près de 20%. Dans l’horeca, le nombre d’emplois menacés a augmenté de près de 40% pour la même période en 2023.

L’économie capitaliste continue de plonger la société dans la crise. Les patrons, bien conscients des risques, se préparent. Ils savent que la situation va s’aggraver, même si pour certains d’entre eux c’est une tendance encore légère. Et ils s’en prennent directement aux travailleurs en licenciant voire en fermant des sites pour défendre leurs profits.

C’est le cas de l’entreprise Celanese, une grosse entreprise de l’industrie chimique, qui a son siège social au Texas. Il y a deux ans, la firme rachetait un site de production de matériaux spécialisés à Malines. Aujourd’hui, elle prévoit la fermeture et l’arrêt des activités de l’usine, jugeant que ce n’est «économiquement pas viable». Avec cette fermeture, pas moins de 200 travailleurs perdraient leur emploi et un site de production disparaîtrait. Pourtant, Celanese affichait en 2023 un bénéfice net de 1,96 milliard de dollars.

Juste à côté, c’est le groupe Barry Callebaut (chocolaterie), qui vient d’enclencher une procédure Renault prévoyant le licenciement de 500 travailleurs sur ses trois sites en Belgique. La direction ne s’arrête pas là : son projet «BC next level» vise la suppression de 2.500 emplois à travers le monde, soit 18% des salariés du groupe. Le dernier bilan en août 2023, déclarait pourtant 461 millions de bénéfices nets, soit 9,6% de plus que l’année précédente.

En licenciant des travailleurs, les dirigeants des entreprises espèrent montrer aux actionnaires qu’ils sont prêts à défendre les profits. Le simple fait de supprimer des emplois, et donc des salaires, fait souvent remonter les actions en bourse car c’est la promesse d’une meilleure rentabilité, séduisant les actionnaires et faisant payer le prix fort aux travailleurs.

À côté des groupes qui prospèrent, d’autres, poussés vers la faillite, tentent de ne pas sombrer face à la concurrence. Pour cela, un seul moyen : mener la guerre aux travailleurs.

The Body Shop est une entreprise de cosmétiques. Fondée au Royaume-Uni, elle est passée dès 2006 dans les mains du géant français L’Oréal, qui a capitalisé les profits de l’enseigne avant de la revendre en 2017, juste avant son déclin. Depuis, en raison de la concurrence et de la crise, le groupe a perdu sa clientèle et l’enseigne 66% de sa valeur.

Ainsi la branche belge de The Body Shop vient d’être déclarée en faillite et annonce la fermeture d’une vingtaine de magasins. Au Royaume-Uni, 270 postes (40%) seront supprimés au siège social, tandis que près de la moitié des magasins fermeront dans le pays.

L’entreprise Van Hool, constructeur de bus, a vu ses fonds propres fondre de 130 à 30 millions entre 2019 et 2022. La direction, évoquant la perturbation des chaînes d’approvisionnement, l’inflation et la chute de la demande d’autocars, a fait appel à «un gestionnaire de crise». Sa solution est toute trouvée pour «redresser l’entreprise» : une importante restructuration d’ici la mi-mars, c’est-à-dire des licenciements.

En somme, que leurs affaires prospèrent en brassant des milliards ou que leur société soit déclarée en faillite, les capitalistes répercutent toujours la note sur le dos des travailleurs.

Les patrons, CEO, actionnaires n’ont aucune solution pour mettre fin à la crise. Au contraire, toutes ces restructurations et licenciements l’aggravent. La mise au chômage des travailleurs, les poussant vers la précarité, ne fait que rendre plus générale la difficulté de s’acheter du chocolat (Callebaut) ou des cosmétiques (The Body Shop).

Les entreprises dont l’État est actionnaire majoritaire n’échappent pas à la règle. Chez Bpost, le CEO, Chris Peeters s’appuie sur la probabilité que l’entreprise perde la distribution de certains journaux et magazines pour commencer à parler de restructuration. Pour lui, si l’entreprise traverse une crise, ce sera aux facteurs de la payer !

Les lois du capitalisme amènent les patrons à mener une guerre sans repos aux travailleurs pour maintenir leurs profits. Telle est  leur seule manière d’exister : exploiter le travail salarié.

Mais la classe ouvrière n’a pas à subir éternellement l’exploitation d’une infime minorité de grands patrons et actionnaires. Elle produit toutes les marchandises utiles, est à la base de toutes les richesses. À l’échelle de la planète entière, elle fait tourner toute la société, malgré les absurdités du système capitaliste. La classe ouvrière internationale est la seule force sociale capable de mettre fin à la crise, en renversant le capitalisme.