Cela fait désormais plus de 100 jours depuis les élections du 26 mai, et seuls les gouvernements de la communauté germanophone et de Bruxelles sont en place. Pour ce qui est du gouvernement fédéral, il n’y a même pas un début de négociation. Le puzzle des coalitions politiques n’a jamais semblé aussi compliqué. Et beaucoup de voix patronales s’en alarment.
Mais l’absence de gouvernement n’a pas empêché KBC d’annoncer 1 400 suppressions d’emploi tout en distribuant un dividende en augmentation de 16%. Elle n’a pas empêché Match d’annoncer la fermeture de 16 magasins et le licenciement de 210 personnes ou encore le sous-traitant automobile Punch PowerTrain de supprimer près de 200 postes sur les 1 100 qui travaillent sur son site à Saint-Trond, ou encore la Fnac de procéder au licenciement de 26 personnes. Et elle n’a pas empêché les entreprises Econocom, Kone et d’autres de se débarrasser des délégués syndicaux à l’approche des élections sociales.
Le patronat n’a pas besoin de gouvernement pour exercer son pouvoir dans les entreprises et y mener sa lutte des classes contre les travailleurs pour en pressurer un maximum de profits ! Gouvernement ou pas, les travailleurs doivent constamment se défendre contre les licenciements ou l’aggravation de l’exploitation. Et face à l’accélération de la crise qui s’annonce de toutes parts, ces attaques se multiplieront.
Si le patronat demande un gouvernement, c’est pour l’aider et couvrir sa pression constante sur les travailleurs, au niveau de tout le pays.
Le secrétaire général de la FGTB, Robert Vertenueil conseille aux politiciens de tenir compte de l’inquiétude sociale des électeurs populaires et de leur proposer un « programme social » avec l’augmentation des salaires et des pensions. Mais il est clair pour tout futur ministre, y compris socialiste, que sa tâche sera de faire tout le contraire : réduire les salaires et les pensions. Et comme le rappelle l’économiste en chef de la VOKA : il n’y aura pas de place pour des promesses électorales telles que la pension à 65 ans ou un salaire minimum de 14 € l’heure.
Que les partis politiques arrivent réellement à former ce gouvernement souhaité par le patronat, c’est encore une autre paire de manches. Et le scénario d’une crise politique prolongée n’est pas à exclure, comme celle qui a éclaté en Angleterre avec le Brexit. Mais dans un cas comme dans l’autre, le prix à payer sera pour les travailleurs.
Mais le recul social imposé aux travailleurs par le patronat pour lequel seul compte le profit, n’est ni acceptable, ni une fatalité ! Il ne faut pas oublier que ce sont les travailleurs qui sont utiles dans la société, que ce sont eux qui font tout fonctionner, que les capitalistes ne sont que des parasites !
Les travailleurs ont les moyens de changer le rapport de force et obliger le patronat à prendre sur les profits accumulés afin de satisfaire les besoins fondamentaux de toute la population. Collectivement, grâce à leur rôle indispensable dans la société et de leurs intérêts communs, les travailleurs peuvent mettre un coup d’arrêt à l’offensive contre leurs droits et leur condition de vie. Nous sommes le nombre, nous faisons fonctionner toute la société et nous avons la force si nous en prenons conscience.
S’y préparer, s’organiser pour défendre nos propres intérêts de travailleurs, est d’autant plus urgent que la crise est en train de s’aggraver rapidement.
Les milliards distribués aux banques et au grand patronat depuis 2008 ont aggravé les inégalités et créé les conditions d’une crise encore plus grave. La production et les ventes ralentissent, les bulles spéculatives sont prêtes à éclater, les crises politiques comme le Brexit ajoutent aux incertitudes, les guerres commerciales menacent à tout moment de déboucher sur de nouvelles guerres militaires. Les feux qui détruisent l’Amazonie soulignent l’irresponsabilité de la classe capitaliste qui ne renonce jamais à ses profits, fut-ce en détruisant la base même de la vie de l’humanité.
Il faut se préparer à se défendre contre les attaques à venir.
Et en retrouvant le chemin de la lutte et de l’organisation collective contre la classe capitaliste, c’est à toute la société que les travailleurs redonneront un avenir. Car ils sont les seuls à pouvoir supprimer l’exploitation et le gaspillage, et impulser une économie organisée collectivement pour répondre aux besoins de tous. Il faudra renverser le pouvoir de la grande bourgeoisie et mettre fin à la propriété privée des groupes capitalistes.