Le 8 mars, journée internationale des femmes, a été marqué cette année par les dénonciations du harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes.
A la suite d’actrices d’Hollywood, des milliers de femmes – journalistes, actrices, sportives – ont dénoncé les comportements avilissants dont elles sont l’objet dans leur quotidien.
Le courage de ces femmes en a donné à d’autres et certaines trouvent désormais le courage de porter plainte pour viol ou harcèlement sexuel.
Alors, bien des personnalités des sphères du showbiz, de la politique, du journalisme et même de la religion – bref de ceux qu’on a coutume d’appeler l’élite de la société – sont mis en cause. Certains de ces hommes doivent se justifier devant un juge pour leur comportement violent ou choquant envers les femmes.
Oser parler, oser dénoncer, c’est le premier pas que doivent faire les femmes pour ne plus accepter l’inacceptable et commencer à changer les comportements. Et il y a du travail.
En Belgique, une femme meurt tous les deux jours de violences conjugales, 8 plaintes pour viol sont déposées quotidiennement. Et il y a bien plus de cas non dénoncés. Il est estimé que 100 femmes sont victimes de viol par jour !
Que le scandale ait éclaté à Hollywood a eu le mérite de montrer que tous les milieux de la société sont concernés.
La société recèle une telle épaisseur de crasse misogyne et de préjugés vis-à-vis des femmes que cela ressort par tous ses pores, que ce soit sous les paillettes et les poses glamour de stars ou dans les hautes sphères politiques et religieuses. Aucun milieu n’y échappe parce qu’il ne s’agit pas seulement d’éducation et de culture. C’est une question de préjugés et de pouvoir.
Que des actrices mondialement connues, des députées et des journalistes renommées expliquent ne pas avoir osé dénoncer leur agresseur de peur d’être mises au ban de leur profession et de voir leur carrière compromise, en dit long sur la force du pouvoir et de l’argent dans cette société.
La société capitaliste est structurée par ces rapports de pouvoir, d’argent et de domination. Et le plus déterminant est le rapport de classe, le rapport entre exploités et exploiteurs, celui qui met les salariés à la merci d’un chef, d’un responsable ou d’un patron. Et les femmes qui subissent de plein fouet les bas salaires, la précarité et le chômage en sont les premières victimes.
Et quand on est ouvrière ou simple employée, il faut se débrouiller, sans relations dans les médias, dans la police ou la justice. Il faut se battre sans argent, avec le risque de perdre son gagne-pain. Les femmes des classes laborieuses ne peuvent compter que sur la solidarité et la force collective du monde du travail.
Le pire pour les femmes qui se battent contre leurs harceleurs est d’être en butte aux préjugés machistes de leurs camarades de travail. Il faut qu’elles puissent aussi compter sur les hommes pour conquérir leur dignité au travail. De même, les travailleurs doivent pouvoir compter sur les femmes qui composent la moitié de la classe ouvrière pour mener le combat contre l’exploitation.
Alors oui, le combat contre les violences sexuelles s’ajoute aux autres combats que les travailleurs ont à mener dans les entreprises. Il passe par la lutte contre les réflexions et les attitudes sexistes aussi dans nos propres rangs.
Il y a deux siècles, le socialiste Fourier expliquait déjà que, dans une société, le degré d’émancipation des femmes est la mesure de l’émancipation générale.
Depuis, bien des luttes se sont déroulées.
Alors que la bourgeoisie réservait l’action politique aux seuls mâles, les femmes se sont battues individuellement ou collectivement pour le droit de faire des études, de travailler, de voter et pour le droit à l’avortement. Ces combats ont contribué à faire évoluer les mentalités et il faut les poursuivre.
Mais ils ne suffisent pas à éradiquer les habitudes sexistes et à déraciner les préjugés anciens parce que ceux-ci sont entretenus par les rapports d’exploitation inscrits dans l’organisation capitaliste.
C’est pourquoi le combat pour l’émancipation des femmes est indissociable de celui pour libérer la société du capitalisme.