Les ouvriers d’Audi Forest entament trois semaines de chômage technique dans l’incertitude pesante concernant le futur de l’usine.
Dans sa communication, la direction reste vague et tente de bercer les travailleurs de paroles rassurantes. Elle cherche surtout à temporiser, et à agiter quelques espoirs pour éviter de déclencher un mouvement de résistance.
Car, quels que soient les plans du conseil d’administration d’Audi pour le site de Forest, il est certain qu’ils ne seront pas dans l’intérêt des travailleurs. Alors c’est dès aujourd’hui que se pose le problème de se défendre !
Mais les syndicats ne proposent aucune perspective. Il faudrait pourtant se préparer à se mobiliser, et bien plus largement que seulement chez Audi, mais avec Volvo, Van Hool,… et avec tous les autres secteurs !
Se partager le chômage ou se partager le travail ?
Dans les médias, les commentateurs discutent de l’avenir de l’usine en 2027 suite aux éventuelles suppressions de modèles. Mais c’est déjà aujourd’hui que les problèmes de l’emploi et des salaires se posent, non seulement pour les centaines d’intérimaires du site, mais en fait pour tout le monde.
Face aux baisses de production qu’elle a programmées, la direction a laissé entendre vouloir mettre un terme aux contrats des intérimaires.
De leur côté, les organisations syndicales prétendent défendre une politique de « solidarité » en proposant le maintien de 20 voitures par heure ainsi que du chômage économique pour tous.
Ils prétendent que ces mesures permettraient de garder les intérimaires. Mais c’est une solidarité dans l’appauvrissement, alors que le groupe a engrangé un bénéfice net de 17,9 milliards en 2023 !
Non, le chômage économique n’est pas acceptable quand on subit toutes les augmentations de prix, de loyers, etc. Chômer pendant trois semaines, c’est voir sa quinzaine diminuer de 35%, voire ne pas être payé du tout !
Bien des CDI voient cela avec angoisse et certains finissent par rejeter cette « solidarité » avec les intérimaires. Quant aux intérimaires, ils sont au chômage par intermittence, ce qui n’améliore pas leur situation.
Mais en fait, le seul qui profite de cette alternance entre des cadences insupportables et des périodes de chômage économique, c’est le patron ! Il fait d’énormes économies sur les salaires aux frais de la Sécurité sociale, et il ne doit pas payer l’électricité, etc. pendant les périodes de fermeture. En même temps, sa production est faite en un temps record, et ce n’est que pour ce temps-là qu’il paye les salaires.
La vraie solidarité ouvrière ne peut exister que dans la perspective de faire payer les actionnaires qui ont rempli leurs coffres-forts à ne plus savoir quoi en faire !
C’est eux qui doivent payer le salaire complet de tous les travailleurs, peu importe leur statut, et peu importe combien de voitures seront à produire !
De l’argent, il y en a dans les poches du patronat !
Le groupe Volkswagen, dont Audi fait partie, vient d’annoncer ses chiffres annuels pour 2023.
Alors que le volume de voitures vendues, en légère augmentation, est toujours de 16 % plus bas qu’en 2019, le bénéfice net a encore augmenté de 13,3% et atteint le nouveau record de 17,9 milliards.
Les dividendes des actionnaires qui avaient déjà augmenté de 80 % entre 2020 et 2022, vont être augmentés une nouvelle fois de 3,4 %.
Cela fait que, si en 2019, chaque travailleur du groupe dans le monde a sué un dividende de 3.610 euros pour les actionnaires, ce sont 6.913 euros en 2023 !
Leurs profits ou nos salaires ?
Alors que la crise s’aggrave et les prévisions pour les ventes d’automobiles s’assombrissent, les dirigeants de Volkswagen veulent maintenir leurs profits, voire les augmenter !
En conséquence, ils annoncent un plan d’économie de 10 milliards d’euros, rien que pour la marque VW.
Ils ne les prendront pas sur les dividendes, mais tenteront de les prendre sur nos salaires !
Et démagogue avec ça !
Le CEO du groupe Volkswagen, Oliver Blume, annonce qu’il renonce à 5 % de sa rémunération de base (qui s’élève à 1,3 million d’euros). En tant que dirigeant, il dit « vouloir commencer par lui-même » et montrer le « bon exemple ». Il oublie bien sûr sa rémunération variable qui lui a fait gagner en 2023, 9,4 millions d’euros en tout ! Et même sans elle, il est loin d’être sur la paille !
On peut en tirer deux conclusions : Ils préparent des attaques majeures contre les travailleurs et craignent leurs réactions. Et les actionnaires paient grassement un CEO chargé d’organiser des attaques contre nous !