Combien de voitures par heure ?
Depuis le 17 septembre, l’usine est à nouveau ouverte et environ 70 à 80% des travailleurs ont repris le travail. Cependant, jusqu’à présent, la production ne dépasse pas plus que 2 ou 3 voitures par heure. Dans certaines sections, il n’est pas possible de faire plus, vu le manque de personnel.
La direction veut payer des primes aux volontaires prêts à combler les trous. Mais elle se heurte jusqu’à présent à une résistance silencieuse.
Mardi 2 octobre, syndicats et direction ont ouvert la phase 2 de la procédure Renault, où la négociation va porter sur le volet « social ». La direction a annoncé un premier chiffre pour l’indemnité de fermeture qu’elle serait prête à payer : 2.500 € brut par année d’ancienneté, limité à 66.500 euros. Cela n’est même pas la moitié des primes de 2006-2007 quand l’usine passait du logo VW au logo Audi.
Les débrayages ont été immédiats et spontanés. De crainte de se voir à nouveau lockoutés, les travailleurs ont cependant repris le travail. Et pour beaucoup, en étant déterminés à ne pas faire la production demandée. Certains étaient pour arrêter et occuper l’usine. Mais pour l’instant, la détermination n’en est pas là.
Cependant, dans bien des secteurs, les discussions vont bon train sur le nombre de voitures qu’on est prêts à produire. Il y a aussi différents points de vue sur la hauteur de la prime et les moyens de l’obtenir. Le besoin de discuter et de s’organiser pour pouvoir décider ensemble, se fait sentir, des petites assemblées se produisent spontanément. Dès la semaine prochaine, il faudra en effet faire face aux pressions organisées par la direction qui veut augmenter la production.
Les sous-traitants montrent le chemin
Le village de tentes des sous-traitants continue. Leurs directions n’ont même pas encore déclenché la procédure Renault. La situation est extrêmement floue, et différente dans chacune des sociétés. Lors d’un CE extraordinaire mercredi 3 octobre, chez Rhenus et Plastic Omnium, la direction a répondu « il y a aura un plan social », sans préciser ni les montants, ni le timing, chez Imperial (DP World) qui regroupe le plus gros nombre de travailleurs, le directeur « ne peut rien dire »..
Le secrétaire permanent de la centrale du métal du Brabant de la FGTB, a repris à son compte le projet d’une « loi Audi ». Cette loi prétend obliger les entreprises à inclure les travailleurs des firmes sous-traitantes dans le plan social. Portée par le PTB et le PS, cette loi n’a aucune chance de voir le jour, et encore moins d’être appliquée contre Audi
Le permanent s’est fait prendre à partie par un groupe de travailleurs d’Audi. S’exprimaient pêle-mêle, d’une part, la méfiance vis-à-vis des syndicats dont beaucoup de travailleurs ne se sentent ni écoutés, ni bien représentés. Et d’autre part, la crainte de ces travailleurs de devoir partager « l’enveloppe » (qui n’existe pas encore) avec les sous-traitants.
Ainsi, le détournement politicien des préoccupations des travailleurs sous-traitants, n’a fait qu’ajouter à la division.Les sous-traitants, vu les non-réponses de leurs directions respectives et ces débuts de division,, ont commencé à organiser des manifestations dans l’usine. Ils se sont adressés à tous les travailleurs « peu importe le logo qu’ils portent sur leurs blousons ». « Il n’y a pas une enveloppe », ont-ils expliqué, « il en a plusieurs » et nous, on est là pour se battre tous ensemble pour « le plan social du siècle » ! Leur dignité et leur détermination ne peuvent pas manquer de toucher au moins la minorité des travailleurs qui ne veulent pas se résigner à se faire licencier sans tenter de défendre leur peau le plus chèrement possible. Leur manifestation a reçu un accueil encore passif, mais admiratif et sympathique d’une partie des travailleurs du montage.