« Au moment où vous êtes dans le magasin, (…) vous m’appartenez » 

Bienvenue dans la tête d’un exploiteur typique !

Cette fois, c’est un enregistrement réalisé par les travailleurs du Delhaize Karreveld à Molenbeek qui lève le voile sur la conscience et les manières des patrons, petits et gros!

Dans cet enregistrement, diffusé par le journal Médor et la RTBF, on peut entendre le repreneur de magasins Delhaize à Molenbeek et Jette, éructer en réunion du personnel : « J’adore les voitures moi, c’est mon point faible, je veux ma Porsche Panamera, (…) je me lève tôt, je me couche tard. C’est du sept sur sept. Je crois que je mérite. Donc je veux. Mais pour ça il faut gagner de l’argent. »

Et pour faire de l’argent et augmenter les profits, inutile de faire dans l’originalité. Celui-là s’en tient aux stratégies éprouvées par ses pairs : le harcèlement, les menaces et les pressions sur les salaires. Capturé par l’enregistrement, on peut l’entendre aboyer au visage des employés : « Entre les pseudo-malades, et vous pouvez le répéter, les pseudo-malades, les restrictions, les congés, les roulements, les jours d’inactivité, je fais quoi ? Est-ce que je ramène encore des étudiants ? Pas de problème. Est-ce que vous êtes tous prêts à diminuer vos salaires ? »

Ce patron nain est dirigé par les mêmes instincts viscéraux que ses homologues capitalistes. Que ce soit pour une grosse auto, ou pour des milliards d’euros, la recette de l’exploitation est la même partout… Alors pour se défaire de ces parasites, les travailleurs pourront aussi s’en tenir à une recette unique : l’expropriation !

Car celui-là n’est pas une pomme pourrie !

La résistance qu’ont opposé l’année passée les travailleurs de Delhaize à la franchisation des magasins n’a pas pu faire plier les actionnaires milliardaires de Ahold-Delhaize. Mais elle a pu attirer l’attention des journalistes, et surtout, renforcer les travailleurs qui ont fourni l’enregistrement pour dénoncer le voyou qui leur sert de patron.

De tels enregistrements, il en faudrait des milliers ! Et pour les produire, il ne faudrait pas chercher longtemps ! Chaque jour, dans tous les secteurs, les travailleurs en sont à supporter l’insupportable : non seulement l’exploitation, mais le mépris, le harcèlement, la prétention des patrons et des chefs qui veulent se faire bien voir.

Quand les travailleurs enregistreront, filmeront, et dénonceront toutes les saloperies dont ils sont les témoins, la vérité sur les conditions de travail fera voler en éclat l’omerta qui règne dans la société capitaliste ! Aucun mensonge, aucune corruption, aucune insulte ou menace ne seraient à l’abri, car les travailleurs sont partout, collectivement ils font tout, voient tout et savent tout !

Les mensonges d’Ahold-Delhaize dévoilé

Déjà, l’enregistrement des travailleurs du Delhaize Karreveld dévoile les mensonges de leur ex-employeur Ahold-Delhaize.

Les textes légaux et les conventions collectives encadrant la franchisation prévoient que les travailleurs gardent pour un temps leurs rémunérations, leurs horaires, leurs conditions de travail, leurs primes, leurs vacances … Mais, la réalité de ce qui se passe dans les entreprises n’est jamais dictée par la loi, et est par contre le résultat du rapport de force entre les capitalistes et les travailleurs. On ne peut pas croire la signature d’un patron !

Le patron de Karreveld le sait, et déclare sûr de lui : « J’ai le droit.  Un, j’aime, l’autre, je n’aime pas. Il y en a d’autres qui vont devoir bouger de leur poste pour être rétrogradés. Il y en a d’autres qui doivent prendre plus de responsabilités dans le rayon. Faut avoir le courage. Dur, hein ?  C’est le changement. (…). Il faut faire ce changement. Vous devez travailler avec vous-même pour se dire Delhaize : fini. Si vous n’avez pas changé, ça va être compliqué pour vous. Pas pour moi. »

Voilà pour la prétendue légalité, les conventions collectives et les promesses d’Ahold. Mais dans un rapport de force, il y a deux camps. Et si pour le moment c’est surtout celui des patrons qui a l’avantage, cela ne durera pas quand des millions de travailleurs relèveront la tête et entreront en lutte !