Les mutuelles et syndicats dénoncent une réforme décidée en silence par le gouvernement, à la fin du mois d’octobre dernier, et qui vise le financement de la Sécurité sociale.
La plus grande partie de la Sécurité sociale est financée par les travailleurs, c’est-à-dire par la part du salaire que les patrons ne versent pas directement aux travailleurs, mais à la Sécurité sociale. Un salaire indirect que le patronat appelle une « charge » et qu’il s’applique à réduire tout comme les salaires directs.
Depuis le début des années 90, tous les gouvernements ont diminué les cotisations sociales, permettant au patronat d’augmenter ses profits au détriment de la Sécurité sociale… et finalement des travailleurs. Depuis lors, une partie plus grande (14% en 2016) de la Sécu est payée par un « financement alternatif », issu de la TVA et de certaines autres taxes. C’est-à-dire que les travailleurs, les chômeurs, les malades et les retraités payent, par une diminution de leurs revenus, toute une partie de la Sécurité sociale, quand ils payent 21% de TVA à chaque achat.
Mais les gouvernements ont continué à baisser les soi-disant « charges patronales », au point que même ce « financement alternatif » ne suffit plus. Depuis 2010, le gouvernement paie donc une dotation qui équilibre automatiquement les comptes de la Sécu. En 2016, ce montant s’élève à 2,3 milliards d’euros, en 2015, il a été de 5,3 milliards. C’est cette dotation, issus des impôts payés aussi très majoritairement par la population laborieuse, que le gouvernement veut maintenant lier à un certain nombre de conditions. Ainsi, les organismes en charge de la Sécurité sociale, comme les mutuelles (pour les dépenses maladie) ou les syndicats (pour les allocations de chômage), doivent d’abord prouver qu’ils ont pris des mesures contre la « fraude sociale », etc.
Bref, après avoir vidé les caisses, le gouvernement fait pression pour que la Sécu atteigne un équilibre inatteignable, ce qui ne peut que contraindre à des économies au détriment des travailleurs.
L’argent pour financer la Sécurité sociale existe dans les caisses des grands actionnaires des grandes entreprises. Déjà, au lieu de servir à augmenter la fortune des riches, les profits des entreprises devraient être utilisés d’abord pour que chacun ait un emploi et un salaire. Ce ne ferait pas seulement moins de dépenses pour les caisses de chômage, mais aussi plus de revenus pour la Sécu. Au patronat de payer !