Faut-il engager l’État allemand vers plus d’endettement, comme les autres pays capitalistes ? C’est sur cette question que la coalition au pouvoir vient d’éclater. Des élections fédérales anticipées sont prévues en février 2025.
Depuis des dizaines d’années, la richesse du capitalisme allemand reposait sur ses exportations de machines-outils industrielles de qualité, de produits chimiques et d’automobiles haut de gamme. Le gaz russe à bas coût et des salariés qualifiés aux faibles salaires permettaient des profits importants et des investissements productifs réguliers.
Mais la concurrence de la Chine, les droits de douanes imposés par les États-Unis, la fin du gaz russe bon marché depuis la guerre avec l’Ukraine, les freins aux importations de nombreux pays à cause de la crise économique et la forte hausse des dépenses militaires ont clos cette période faste.
La bourgeoisie allemande est amenée, elle aussi, à s’appuyer sur l’endettement de son État pour maintenir ses profits, en lançant des travaux de rénovation de ses infrastructures de transport et surtout la production d’armements, dans un contexte mondial où les guerres menacent de s’élargir.
Cependant la loi allemande limite les possibilités d’endettement de l’État… jusqu’à ce qu’une nouvelle coalition fasse sauter ce verrou, sous la pression du patronat allemand. Le président de l’institut économique de Kiel déclarait dans Der Spiegel du 8 novembre : « Tous les partis démocratiques doivent maintenant se réunir et exclure du frein à l’endettement les dépenses de défense financées par des crédits. La sécurité de l’Europe est menacée, cet instrument ne doit pas y faire obstacle. »
Et comme dans tous les pays, si les travailleurs ne se défendent pas, la dette sera payée par la réduction des budgets sociaux…