Les négociations pour le prochain Accord Interprofessionnel 2021-2022 vont bientôt commencer. Pour les patrons, c’est clair : « vu la crise sanitaire, il n’y a pas de marge pour une augmentation des salaires », dit Pieter Timmermans, au nom de la FEB.
Les organisations syndicales, de leur côté, s’opposent à une norme salariale qui limiterait légalement les augmentations de salaires. Elles s’y opposent, mais malheureusement pour de mauvaises raisons !
Thierry Bodson, pour la FGTB, argumente que l’augmentation des salaires de 1 ou 2% “serait inatteignable pour les secteurs qui vont mal, tandis qu’elle constituerait un plafond dénué de sens pour ceux qui sont en bonne santé” comme l’industrie pharmaceutique, la chimie, la distribution alimentaire… Le dirigeant de la FGTB met en garde les patrons contre le risque de provoquer « des tensions immenses qui menaceront la garantie d’un minimum de paix sociale« . Les dirigeants de la CSC ne disent pas autre chose. Retrouver la possibilité de mener des négociations libres, sans le contrôle du gouvernement et la limite de la loi, voilà à quoi se limite l’ambition des responsables syndicaux. En d’autres termes, ils se baseront sur les chiffres et les affirmations mensongères des patrons pour décider quelle catégorie de travailleurs pourrait revendiquer des augmentations, et qui devrait se serrer la ceinture.
Ce n’est pas avec ce genre de perspectives que les organisations syndicales peuvent unir les travailleurs dans une large mobilisation. Les patrons ne céderont rien, pire, ils attaqueront les emplois et les salaires, s’ils n’en sont pas dissuadés par des luttes menaçantes pour eux.
Si bien des petits commerçants et des coiffeurs risquent de fermer leur porte, les entreprises, elles, ont pu compter sur l’aide financière des gouvernements, surtout les plus grosses. Les actionnaires ont fait de bonnes affaires.
Les travailleurs eux se sont appauvris, leurs économies ont fondu, voire disparu, beaucoup dépendent de l’aide alimentaire et ne peuvent pas payer leur facture d’énergie. Ils ne sont en rien responsables du Covid ni de la fragilité du secteur de la santé qui a nécessité les mesures de confinement. Alors les travailleurs n’ont pas à faire les frais des conséquences de la crise sanitaire. Mais la force de se défendre ne peut venir que de l’unité, et pas d’une politique syndicale qui les divisent entre de prétendus « bons » et « mauvais » secteurs.