Lors du sommet européen de la semaine dernière – un énième « de la dernière chance » – les dirigeants européens ont une fois de plus sauvé l’euro, l’Europe, voire le monde entier. La preuve : « les marchés sont enthousiastes »… jusqu’au prochain krach.
Mieux, cette fois, ils ont décidé un « plan de relance » dont notamment le nouveau président français, François Hollande, veut faire croire qu’il représente une politique opposée à celle de l’ère Merkel-Sarkozy. Une politique qui amènerait emplois et prospérité pour tous.
Mais derrière les autofélications et les déclarations triomphantes de chacun des participants, les décisions réellement prises ne sont que la continuation des 18 sommets précédents qui n’ont absolument pas empêché que la crise continue à s’aggraver.
La décision principale est que le fonds MES (mécanisme européen de stabilité) pourra dorénavant prêter directement aux banques.
Les dirigeants européens se sont résolus à cette mesure face au risque de faillite de l’Espagne et de l’Italie, incapables de prendre en charge seules le sauvetage de leur système bancaire, tout en payant des intérêts de plus en plus élevés aux banques. Or les plus gros créanciers des banques et des entreprises espagnoles sont les banques allemandes, françaises, britanniques et belges. Et près de la moitié des 1 850 milliards de la dette italienne est détenue par ces mêmes banques.
« L’union bancaire », dont se félicitent les dirigeants européens, consiste donc à un partage des sacrifices pour préserver le bilan de la Deutsche Bank, de BNP-Paribas-Fortis ou de Barclays…
Mais que ce soient les Etats nationaux ou le MES qui versent l’argent aux banques, c’est encore et toujours prendre à la population de quoi entretenir une classe de rentiers parasitaires, la classe capitaliste qui vit au crochet de l’Etat.
Des centaines de milliards vont à nouveaux être confiés aux banques par les dirigeants européens, mais personne ne s’attend à ce qu’elles les investissent dans l’économie.
Alors, après avoir arrosé les banques, les Etats européens subventionneront aussi quelques grands projets de construction et d’infrastructure.
Avec quel argent ? Le plan de relance, que le président Hollande veut présenter comme sa victoire, repose sur de nouveaux emprunts d’Etat pour financer une politique de grands travaux. Ainsi, de nouvelles dettes sont creusées pour financer cette fois des grandes entreprises de la construction, de l’énergie ou du transport. Car ce sont elles qui profiteront des 120 milliards que l’Union européenne mettra à disposition.
Cela ne compensera pas les millions d’emplois supprimés en Europe par les entreprises pour préserver leurs profits, et par la politique d’austérité des Etats. Mais au nom de la relance, les gouvernements pourront exiger de nouveaux sacrifices de la part des travailleurs. Ni Hollande, ni Di Rupo ne s’opposent aux milliards déversés aux banques. Ils ne mettent pas non plus en cause que la dette ainsi creusée soit remboursée… par la population.
Ni la droite, ni la gauche n’a de solutions pour mettre fin à la crise du capitalisme. Tous les partis basent leur politique sur le droit sacré des capitalistes à obtenir leur profit au détriment de la société. La seule « solution » de ces serviteurs des capitalistes est de faire payer la population.
Alors, pour les travailleurs, il s’agit de se défendre, de défendre en premier lieu la seule chose qu’ils ont dans cette société pour vivre : leurs emplois et leurs salaires.
Un sommet pour remédier à la vraie catastrophe de la crise – celle de millions de travailleurs qui voient leur niveau de vie dégringoler de plus en plus rapidement de modeste à pauvre et de pauvre à misérable – ne viendra que quand des centaines de milliers de travailleurs seront entrés en lutte, déterminés à défendre leurs intérêts communs. Quand les travailleurs seront déterminés à faire interdire les licenciements et à faire partager le travail entre tous sans perte de salaire, en forçant les patrons à prendre sur leurs profits. Quand les travailleurs exigeront que leurs salaires, pensions ou allocations suivent réellement les prix. Quand face aux capitalistes qui prétendent ne pas pouvoir embaucher et augmenter les salaires, ils iront voir les comptes de leurs patrons pour vérifier de leurs propres yeux où vont les richesses issues de leur labeur.
Et ce sommet là sera peut-être finalement un sommet de travailleurs, sur le point de prendre les rênes de la société à la place des capitalistes, pour conduire l’humanité vers un avenir réellement humain.