L’attaque au gaz des habitants de Khan Sheikhoun, mardi 4 avril, est une nouvelle horreur dans la guerre impitoyable que le régime syrien de Bachar al-Assad livre à son propre peuple depuis 2011. Une guerre qui a fait 500 000 morts, 10 millions de déplacés, dont au moins 4 millions ont dû quitter le pays.
Depuis 2011, les États-Unis, comme les autres grandes puissances, ont misé sur la chute du régime, quitte à faire financer des milices islamistes en guerre contre lui. Puis, en 2014, quand la guerre contre Daech est devenue la priorité, ils ont misé sur le maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, oubliant opportunément qu’il assassine sa propre population. Le 31 mars encore, Trump avait rappelé ce choix d’alliance qui consiste en fait à laisser faire le sale boulot contre Daech aux armées syrienne et russe.
Et ce seraient aujourd’hui les images des enfants gazés qui auraient fait changer d’avis Trump et l’auraient décidé à frapper une base aérienne de l’armée syrienne ? Quelle hypocrisie, alors que Trump refuse d’accueillir les réfugiés syriens ! Son souci n’est pas le sort des populations mais de défendre les intérêts des capitalistes américains dans le conflit.
Pour la population de Syrie ces frappes ne font qu’ajouter des bombes aux bombes. Depuis plus d’un siècle, le Proche et le Moyen Orient sont le théâtre de guerres et de conflits alimentés par les intérêts des pays impérialistes, notamment pour le pétrole. Depuis le début de la guerre d’Irak déclenchée par Bush en 2003, le chaos s’est accéléré dans toute la région. Les populations sont prises en étau entre les bombardements des impérialistes et de leurs alliés et les milices terroristes dont elles sont les premières victimes.
Ces guerres et destructions coûtent un à deux mille milliards de dollars chaque année aux pays occidentaux. De l’argent qui aurait été bien plus utile là-bas pour des écoles, des hôpitaux, des routes que pour des bombes, et qui a aussi manqué dans les budgets d’éducation ou de santé aux USA et en Europe. Tous ces milliards et ces technologies de pointe n’ont servi qu’à entraîner l’effondrement des conditions de vie en Irak et dans toute la région, pour des décennies.
Mais ces milliards ne sont pas perdus pour tout le monde. Ces guerres sont commandées par les intérêts des sociétés pétrolières. Les cours de leurs actions ont monté dès l’annonce par Trump de la frappe contre la Syrie. Et ces guerres rapportent d’énormes profits aux entreprises d’armement, même en Belgique où Magnette défendait il y a peu les exportations d’armes vers l’Arabie saoudite. Alors que l’Arabie saoudite soutient les milices qui terrorisent la population en Irak et en Syrie au nom de la charia islamique, que l’Arabie saoudite a contribué à armer Daech, les talibans et Al Quaïda, qu’elle mène une guerre au Yémen et qu’elle nourrit les courants intégristes. Magnette a justifié les profits de la FN en rappelant cyniquement que l’Arabie saoudite fait partie de l’alliance contre Daech. Eh oui, les puissances impérialistes n’ont jamais hésité à s’appuyer sur les forces les plus réactionnaires pour imposer leur domination.
Est-ce que les dirigeants américains vont faire le choix de changer de politique et laisser tomber Bachar al Assad ou est-ce que cette frappe avait surtout pour fonction de rappeler à al-Assad, à Poutine, à Erdogan et aux autres dirigeants locaux qu’ils ont intérêt à ne pas empiéter sur les intérêts des Etats-Unis? Quoi qu’il en soit, le sort de la population ne s’en améliorera pas. Et tous les civils tués dans ces bombardements convaincront de nouveaux jeunes de commettre des attentats contre l’occident.
Cette possible volte-face américaine rappelle aussi que les différentes puissances, aujourd’hui alliées contre Daech, ont des intérêts rivaux. Les alliés d’aujourd’hui, peuvent très bien devenir des ennemis ouverts demain et le conflit qui entraîne et déstabilise déjà toute la région, se transformer en brasier mondial.
Voilà où en est le capitalisme. Il est vain d’attendre des dirigeants de ce système une solution dans l’intérêt des populations et des enfants qui meurent sous les bombes.
La tâche qui se pose à l’humanité est de se débarrasser de ce système barbare. C’est la condition incontournable pour que les immenses progrès techniques profitent enfin à tous ! Cela demandera des luttes et même une révolution ? Oui, mais elles coûteront beaucoup moins cher à l’humanité que de laisser les capitalistes continuer à tout détruire !