Depuis des semaines, le drame des réfugiés domine l’actualité. Plus de 2500 migrants sont morts à nos frontières depuis le début de l’année, des réfugiés qui tentent de fuir les guerres, la misère et le chaos en Syrie, en Irak, en Afghanistan, etc.
De cette catastrophe humanitaire, seule une infime partie de rescapés arrive jusqu’à nous. La grande majorité des réfugiés – près de 4 millions de Syriens – s’entassent dans des camps en Turquie (1,94 millions), en Jordanie (625.000) et au Liban où une personne sur 5 est désormais un réfugié.
Alors non, ce ne serait pas un problème pour les pays riches de l’Europe d’accueillir dignement un million de réfugiés ou plus, deux personnes sur 1000 habitants dans une Union européenne qui en compte 508 millions.
Mais les mêmes politiciens qui, en 2008, ont été capables de trouver 15 milliards d’euros en un week-end pour sauver les banquiers (et cela rien que pour la Belgique) refusent de trouver des solutions quand il s’agit de pauvres.
Au contraire, depuis des mois, les chefs de gouvernements européens et les démagogues qui veulent le devenir, attisent la peur face aux réfugiés. Quel bon moyen de diversion pour ces politiciens qui dépouillent les populations pour remplir les coffres forts des possédants.
Et si maintenant, les chefs de gouvernement font semblant de battre leur coulpe et semblent vouloir ouvrir un peu plus les frontières, ce n’est que rajouter de l’hypocrisie à l’hypocrisie. Les Charles Michel, Merkel, Hollande et Cameron sauveurs des pauvres du monde ?! Ceux-là mêmes qui viennent de mettre le peuple grec à genoux pour que les banques puissent continuer à saigner la population ? Pour cela il faudrait commencer par arrêter les interventions militaires des armées occidentales dans ces pays et leur permettre d’élever le niveau de vie des populations. Mais ça il n’en est pas question. Leurs bonnes volontés s’arrêtent là où commencent les intérêts de leurs bourgeoisies qui veulent continuer à exporter des armes, importer cuivre, pétrole, coton, café, sucre et cacao à bon marché, et exploiter la main d’œuvre la moins cher possible.
Mais les plus écœurants sont les représentants du patronat. Depuis quelques jours, ils se sont donné le mot pour jouer aux humanistes. Johnny Thijs, l’ex-patron de BPost où il a supprimé des milliers d’emplois pour permettre aux actionnaires privés de se remplir les poches, n’hésite pas de parler d’amour et de vouloir « donner à ces gens (…) une chance de trouver le bonheur ». Et il ajoute : « pour moi, il faut mettre de côté nos règles et procédures souvent trop rigides et dépassées pour intégrer rapidement ces gens dans notre société ».
Quelles règles et procédures, un patron peut trouver trop rigides, si ce n’est les droits des travailleurs qui empêchent de les exploiter plus ? Non, les patrons n’ont jamais été les défenseurs du bonheur de l’être humain, mais ils ont toujours profité de la misère pour s’enrichir. C’est elle qui leur permet de mettre les travailleurs en concurrence, flamands contre wallons, immigrés contre autochtones, pour tirer les salaires vers le bas. Ce que les réfugiés, comme tous les travailleurs, ont à attendre des patrons, ce n’est pas le bonheur, c’est l’exploitation. Et les patrons n’hésiteront pas de se servir de leur détresse dans la guerre sociale qu’ils mènent contre le monde du travail dans son ensemble si nous ne nous défendons pas ensemble, travailleurs locaux et immigrés.
Alors, nous sommes à la croisée des chemins. Tout est fait pour diviser les travailleurs dans le but de les désarmer. Gare à nous, si nous nous laissons convaincre que c’est en combattant d’autres exploités que nous pourrions protéger nos emplois et nos salaires !
Ce sont les capitalistes des pays riches qui ont licencié, baissé les salaires, condamné toute une partie de la jeunesse au chômage. Ce sont les gouvernements à leur service qui démantèlent la sécurité sociale et nous préparent une vieillesse dans la pauvreté, et ce sont eux aussi qui sont responsables des guerres et des pillages opérés dans le reste du monde pour que quelques grands groupes capitalistes gardent la mainmise sur les ressources. Se donner la perspective de renverser ce système capitaliste qui sème le chômage, la misère et la guerre, est la seule perspective qui permettra aux travailleurs de se défendre. Et pour pouvoir le faire, nous devons combattre tout ce qui nous divise, qui fait obstacle à notre unité. Ce sont les capitalistes qu’il faut combattre, pas les immigrés.