Un gouvernement au service des patrons… peut en préparer un autre !

Cette rentrée, il y a au moins un ministre qui peut se remettre au travail en sachant qu’il va faire des heureux !

Non, ce n’est pas Daniel Bacquelaine, le ministre MR des pensions. Avec sa réforme, qui prévoit notamment de limiter à 5 ans la prise en compte des « périodes assimilées » de chômage et de prépension, il sait qu’il se prépare à baisser la pension de centaines de milliers de futurs pensionnés.

Ce n’est pas non plus Sophie Wilmès, la ministre MR du budget, qui doit proposer 2,4 milliards € de nouvelles mesures d’austérité, alors que 5 autres milliards seront à trouver d’ici 2018. C’est au total l’équivalent de 300 écoles, qui ne seront pas construites ou rénovées malgré le manque de places. Mais on pourrait bien sur exprimer ces économies en nombre de suppressions d’emplois publics, de gares, de bibliothèques ou de services de cardiologie…

Ce n’est évidement pas Kris Peeters, le ministre CD&V de l’emploi. Avec l’annualisation du temps de travail, Peeters veut permettre aux entreprises d’imposer à leurs salariés des journées et des semaines plus longues sans que cela entraîne de payement d’heures supplémentaires ou de congés de récupération. Il veut aussi renforcer le mécanisme de blocage des salaires, en interdisant les accords sectoriels ou d’entreprises accordant des augmentations de salaires. Et pour pouvoir continuer à justifier ces mesures par « la compétitivité » des salaires belges par rapport à ceux des pays voisins, Peeters ne veut plus que soit intégrée aux calculs des coûts salariaux la baisse des cotisations patronales de 33 à 25% décidée l’année passée.

Non, le ministre des heureux c’est Johan Van Overtveldt, le ministre N-VA des finances, qui entreprend une baisse de l’impôt des sociétés. Certes, tout le monde savait que le taux de 33,99% d’imposition sur les bénéfices des entreprises n’était qu’une fiction, tant se sont multipliées niches ou cadeaux fiscaux en leur faveur, et pas seulement pour les plus grandes. En 2015 par exemple, AirBnB n’a payé sur son bénéfice de 62 millions € que 0,01% d’impôts.

Mais toutes ces niches, ces exceptions, ces arrangements spéciaux comme les « intérêts notionnels », ou les « excess profits ruling », cela sentait trop le paradis fiscal et la fraude plus ou moins légale qu’elle implique vis-à-vis des autres pays. L’Union européenne s’efforce d’ailleurs de mettre en place des règles pour rendre ces pratiques plus difficiles.

C’est pourquoi les gouvernements européens choisissent de se rabattre sur une baisse générale du taux d’imposition des entreprises. Pour contrer les effets du Brexit, le gouvernement britannique annonce un taux de 15%. Le premier ministre français, Manuel Valls, tente de suivre, avec un taux de 28%. Et en Belgique ? 25 % ? 20 % ? Chaque parti gouvernemental lance sa proposition.

Les états se bousculent pour offrir leurs faveurs fiscales aux capitalistes, non plus de façon honteuse et cachée, mais décomplexée.

Dans ce répertoire, le gouvernement Michel est à l’aise. Il se met cyniquement, ouvertement au service des riches et des patrons. Bien sur, le PS et le SP.a en profitent pour faire de l’opposition à bon marché. Leurs députés et leurs porte-paroles dénoncent la N-VA qui veut déplafonner les salaires des patrons des entreprises publiques alors que le gouvernement bloque les salaires et allonge la durée du travail.

Mais qu’ont fait les partis socialistes lorsqu’ils étaient au gouvernement ? La même politique ! Depuis 1980, ils ont participé à presque tous les gouvernements qui ont accumulé les mesures d’austérité, démantelé les droits et les lois qui protégeaient un tant soit peu les travailleurs tout en accordant aux patrons et aux actionnaires des aides massives. Toutes les lois qui ont appauvri les pensionnés, bloqué les salaires, exclu des chômeurs, ont été approuvées par leurs ministres. Et si le dégoût que suscite le gouvernement Michel auprès d’une large partie de la population permet aux socialistes de faire partie du prochain gouvernement, ils continueront son travail, comme le gouvernement actuel poursuit celui du gouvernement Di Rupo.

Ce duo d’illusionnistes, entre les partis de gouvernement et ceux de l’opposition, est seulement destiné à camoufler le pouvoir des véritables décideurs de la politique gouvernementale que sont les banques et les grandes entreprises.

Parvenir à résister aux coups des gouvernements et résister à leurs exploiteurs, aux patrons, aux actionnaires, impose aux travailleurs de s’organiser et se préparer à des luttes importantes, car il n’y a que le rapport de forces qui fera reculer les ministres et le patronat qui les commande.