A la charnière entre le 19ème et le 20ème siècle, des militantes féministes issues de la bourgeoisie dénoncent l’absence de droits pour les femmes. Dans la société européenne et américaine, encore très religieuses et conservatrices, les femmes n’ont quasi nulle part le droit de vote, ni celui d’accéder aux études supérieures. La femme mariée est officiellement une mineure… à l’égal de ses propres enfants. Comme l’illustre le film « Suffragettes », des femmes de la classe ouvrière anglaise apprennent à participer à ce combat et y gagnent une dignité et une première forme de conscience politique.
En Allemagne, la militante socialiste Clara Zetkin comprend l’intérêt et la nécessité de faire des ouvrières les actrices de leur propre émancipation, en lien avec la lutte des classes menée aux côtés de leurs frères et leurs maris, contre les patrons. En 1910, Clara Zetkin propose aux partis de l’Internationale socialiste de créer la journée du 8 mars, où, à l’image du premier mai pour la journée des 8 heures, toutes les ouvrières du monde seraient invitées à participer à des manifestations pour réclamer le droit de vote pour les femmes et exprimer les nombreuses revendications nécessaires aux travailleuses. Le 8 mars 1911, un million de femmes participent aux manifestations en Europe, jusqu’ en Russie. Et le 8 mars 1917, c’est une manifestation des ouvrières contre la guerre à Saint-Pétersbourg qui démarre la révolution qui provoquera la chute du tsarisme. 8 mois plus tard, les conseils de travailleurs prennent le pouvoir. En quelques mois, tous les droits politiques et sociaux inaccessibles aux femmes, même dans les pays les plus évolués, sont mis en place par la classe ouvrière dans un des pays pourtant les plus arriérés d’Europe.