Sans surprise, la commémoration du 8 mai a servi aux De Wever, Macron, Trump et autres dirigeants bourgeois à parader en champions de la paix tout en appelant à serrer les rangs face aux nouveaux dangers de guerre.
Les mêmes qui font exploser les budgets militaires, recrutent de nouveaux soldats, commandent des blindés de combat et agitent les slogans nationalistes pour mettre la population au pas… Les mêmes qui soutiennent le gouvernement de Netanyahou pendant que son armée fait un nettoyage ethnique à Gaza, appellent en cœur au « devoir de mémoire », pour qu’il ne se passe « plus jamais ça ».
Cette hypocrisie des dirigeants impérialistes tente de faire oublier, avec des valeurs morales éternelles, que l’effroyable massacre et l’immense champ de ruines que la deuxième guerre mondiale a engendrés, étaient le produit de la guerre économique entre capitalistes concurrents.
Prétendre que la guerre de 39-45 fut une guerre de la démocratie contre le fascisme est une mystification. Elle fut une guerre pour le partage du monde entre impérialismes rivaux, comme l’avait été la première guerre mondiale.
En Italie et en Allemagne, la bourgeoisie avait certes eu recours aux régimes fascistes de Mussolini et d’Hitler pour écraser les organisations ouvrières, puis défendre leurs intérêts face à leurs rivaux français et britanniques.
Pendant la guerre, sous l’occupation, de larges fractions des bourgeoisies belge et française ne furent pas en reste, respectivement alignées derrière Léon Degrelle et le Maréchal Pétain. Ces choix des capitalistes de s’appuyer sur des régimes dictatoriaux, voire fascistes, prêts aux pires violences étaient politiques, pour défendre leurs intérêts économiques et financiers.
Les innombrables horreurs de 39-45, dont le génocide de millions de Juifs et de Tsiganes mis en place par Hitler fut un des plus choquants, ont été le produit pourri d’une économie capitaliste en putréfaction.
Le véritable devoir de mémoire est de se souvenir que tant que l’économie reposera sur l’exploitation du travail, le système capitaliste engendrera de nouvelles guerres fratricides.
1945 : la fin de la guerre, pas pour tout le monde
La date de fin officielle de la guerre n’a pas signifié pour les peuples, la fin des conflits militaires pour le contrôle des ressources et des marchés, dans le partage du monde.
Algérie
Le jour même, 8 mai 1945, l’armée française, la gendarmerie et des milices de colons se livraient à des massacres de masses contre les Algériens en quête d’indépendance. Le gouvernement français (De Gaulle, PS, PCF) qui fêtait la libération de la France… envoyait ses troupes massacrer les Algériens qui osaient crier « à bas le colonialisme ».
Madagascar
À partir de 1946, l’impérialisme français mène la guerre coloniale en Indochine, en 1947 à Madagascar, où les populations se battent, elles aussi, pour leur indépendance. Et à partir de 1955 ce fut le tour des indépendantistes du Cameroun d’être écrasés par l’armée française.
Palestine
En 1948, les États-Unis soutiennent les sionistes qui déclarent l’indépendance d’Israël, pour s’assurer le contrôle du Moyen-Orient. Les Juifs qui avaient survécu aux atrocités de la Shoah, s’étaient alors fait chasser d’Europe même par les vainqueurs de la guerre, qui leur promettait un État où ils pourraient enfin vivre dignement. Mais pour s’établir en Palestine, les Juifs se trouvaient, à leur tour, forcés par leur dirigeants de massacrer le peuple palestinien.
Congo
En 1959-1960, face aux aspirations indépendantistes des Congolais, l’État belge attisa les rivalités locales, fit intervenir les casques bleus de l’ONU, utilisa la répression contre les soulèvements armés de paysans, les tuant par milliers et incendiant par centaines les villages. Ce n’est qu’au terme d’une répression féroce que les bandes armées de Mobutu mirent un terme au processus de révolte congolaise, jetant les bases d’une dictature au service de l’impérialisme.
Les exemples sont innombrables. En 80 ans, les conflits incessants sur la planète ont fait autant de victimes que la seconde guerre mondiale.
Cependant, chaque guerre engendre de la révolte chez les populations opprimées. Cette révolte, si elle se tourne contre le système capitaliste tout entier, pourra mettre fin à la domination de la classe capitaliste sur le monde et aux guerres qui en découlent.