La République démocratique du Congo fête ses 50 ans d’indépendance. En tout cas, le gouvernement congolais organise des cérémonies, les médias belges sont pleins de souvenirs congolais et le Roi des Belges y fera un voyage. Mais la majorité des Congolais n’a pas franchement de raisons de faire la fête : 85 % survivent avec moins d’un dollar par jour, alors que 3 à 5 millions sont morts dans les affrontements de ces dix dernières années.
Les 50 ans d’indépendance ne pouvaient pas effacer les 500 années de pillage organisés par le Portugal, l’Angleterre, la France puis la Belgique.
Toute une partie du développement industriel de l’Europe et des Etats-Unis, aux 18ème et 19ème siècles, a été financé par les fortunes amassées dans le commerce des esclaves. En trois siècles, plus de 20 millions d’esclaves ont été arrachés de l’Afrique, notamment du Congo. L’Afrique a été vidée de ses hommes et ses femmes les plus valides. Et les industriels ont ensuite pillé les matières premières de l’Afrique : du caoutchouc pour les automobiles, à l’huile de palme pour l’industrie chimique, l’or, le cuivre, le fer, jusqu’à l’uranium des bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki…
Sous Léopold II, le travail forcé a été massivement imposé par la violence pour la collecte du caoutchouc, et le portage à dos d’homme des richesses du pays vers les ports à destination d’Anvers. Les sociétés ont été désorganisées, l’alimentation a été réduite, les maladies se sont répandues, les villages qui résistaient ont été rasés. En 40 ans la population congolaise a été décimée : de 20 millions, elle est tombée à 10 millions !
Et dans la colonie, devenue belge en 1908, l’exploitation a continué, entre autre par le travail obligatoire dans les plantations et dans les mines, notamment pendant les deux guerres mondiales. Les grandes fortunes des Empain et des Boël, de la Société générale, de Solvay et de l’Union minière, ont, elles aussi, été amassées sur le dos de la population congolaise. Rien n’a été fait pour le développement du pays, surtout pas l’enseignement.
L’indépendance en 1960 n’a pas arrêté le pillage. Pour les puissances capitalistes, il était hors de question d’abandonner les matières premières entre les mains des Congolais. Un dictateur comme Mobutu, a toujours pu compter sur le soutien de la Belgique, la France ou des Etats-Unis, pour réprimer la population. Et si Mobutu a amassé une fortune en pillant les caisses de l’État, cette fortune ne représente que les miettes que les pays impérialistes lui ont laissées pour ses bons et loyaux services. Les richesses qui continuaient à affluer dans les coffres des actionnaires de l’Union minière et d’autres grands trusts, étaient sans commune mesure.
C’est aussi l’époque où s’est creusée la dette du Congo. Les grandes multinationales poussaient à l’achat d’usines, de barrages, de constructions de prestige, qui rapportaient d’immenses profits. La plupart de ces coûteux équipements ne pouvaient pas fonctionner mais ils augmentaient la dette du Congo – 13 milliards d’euros en 1998 – dette que les Congolais doivent encore rembourser aujourd’hui.
C’est pour rembourser cette dette que, dès les années 1980, les écoles et les soins de santé devinrent payants, excluant des larges couches de la population d’une éducation même rudimentaire et des soins de santé tout aussi rudimentaires, aggravant le retard de développement du pays causé par la colonisation. Et si Mobutu a fini par tomber, la dette est restée, avec des intérêts impossibles à rembourser, rendant le Congo encore plus dépendant de ses spoliateurs.
C’est ainsi que la finance des pays impérialistes continue à s’enrichir sur ce pays qui n’a même plus les moyens de payer ses fonctionnaires. L’Etat congolais n’a même plus la capacité de lever des taxes sur les minerais qui sont pillés par des seigneurs de guerre et continuent à quitter le sol congolais pour le plus grand profit des capitalistes des pays riches.
Au Congo, comme dans la plus grande partie du monde, l’économie capitaliste se présente dans toute son ignominie. Tant que dans un pays comme le Congo qui livre le cuivre des câbles électriques du monde entier, la population n’est pas pourvue d’électricité, sans même parler du reste, il n’y a rien à fêter. Pour cela, il faudra libérer l’économie de la mainmise des capitalistes et la mettre sur d’autres bases : permettre la satisfaction des besoins de tous, et non les profits de quelques-uns. Voilà le seul avenir possible pour les exploités, qu’ils soient blancs ou noirs…