A Mons, la grève des services publics du 22 avril, appelée par la CGSP, a paralysé en grande partie les transports en commun, les TEC, la SNCB, et perturbé le fonctionnement des administrations, des hôpitaux, des écoles… Des piquets, tenus par des permanents et des délégués syndicaux, ont été organisés devant l’entrée des bâtiments, dans la région de Mons-Borinage.
Les travailleurs des services publics ont été peu informés du mouvement. D’une façon générale, cette mobilisation a été décidée sans eux, sans assemblée, sans consultation, par des directions syndicales bureaucratiques.
Malgré cela, de nombreux cheminots ont accepté de se déclarer grévistes devant le piquet organisé par la CGSP. Les attaques contre le statut des cheminots et en particulier leur régime d’assurance-maladie, plus favorable que le régime général et que les cheminots cofinancent avec une cotisation spéciale, provoquent un large mécontentement.
D’autres catégories de travailleurs voient aussi leurs conditions de travail empirer. Les infirmières, les enseignants, les fonctionnaires, les ouvriers communaux, subissent une charge de travail croissante, avec la pression et le harcèlement de la hiérarchie qui va avec.
Mais, si les raisons de la colère ne manquent pas, la majorité des travailleurs regardent les mobilisations et les organisations syndicales avec scepticisme. Personne ne croit que les actions décidées par les directions syndicales entre deux négociations avec le gouvernement et les patrons peuvent changer grande chose.
Les grévistes qui se sont rejoints début de matinée pour former un cortège de plusieurs centaines de manifestants étaient donc essentiellement des délégués et des militants syndicaux. A la place des pétards et des décibels habituels, les permanents syndicaux avaient décidé d’y donner, à leur façon, un caractère plus politique : un char tirant « une cage aux fonctionnaires » entouré de « bourreaux représentants les 4 partis du gouvernement fédéral », entendait dénoncer les mesures d’austérité contre le service public. Dans ces mises en scène, comme dans les discours, aucune mention de la responsabilité du PS dans ces mesures. C’est pourtant bien ce parti qui, à la tête du gouvernement régional wallon et d’un grand nombre de communes, en assume les responsabilités. C’est même lui qui les a décidées et votées, avec les autres partis bourgeois, au parlement fédéral, en 2014 !
Les grévistes et les militants syndicaux ont raison de vouloir se battre et de participer aux actions. Mais ce serait une erreur d’accepter de telles manœuvres de la part des dirigeants de leurs organisations.
L’hypocrisie de la direction de la CGSP, pour couvrir le PS, ne peut qu’accroître la méfiance des travailleurs à l’égard des organisations syndicales, et faciliter les attaques de la part des gouvernements et des patrons.