Depuis 9 mois, les partis qui avaient l’habitude de gouverner le pays sont de nouveau confrontés à la difficulté, voire à l’impossibilité, de former un gouvernement fédéral.
Certains mettent en cause les différences entre le Nord et le Sud du pays, différences linguistiques, différences de niveau économique, différences de majorités politiques, différences de culture, différences de caractères des dirigeants…
Mais y a-t-il tant de différences pour l’immense majorité des travailleurs : ouvriers de l’automobile et employés de la téléphonie, enseignants et conducteurs de bus et de trains, caissières de supermarché et employés des hôpitaux ? En ne citant ici que quelques professions qui sont le socle sur lequel repose toute la vie du pays, toute la richesse créée.
Dans les deux parties du pays, les conditions de vie des classes populaires se dégradent. Le chômage en Wallonie est plus élevé ? Oui, le déclin du charbon et le départ de la sidérurgie ont laissé la région en proie au chômage. Mais les conséquences du Brexit, de la politique protectionniste des Etats-Unis ou encore du Coronavirus risquent de frapper de plein fouet l’emploi en Flandre !
Quant aux politiciens, que ce soit en néerlandais ou en français, ils mentent tout autant aux travailleurs !
Avant chaque élection, c’est dans toutes les langues: votez pour moi, votez pour mon parti, nous défendrons vos intérêts ! Ils nous mentent pour avoir nos voix… et après, ils mènent la même politique pour le compte du grand patronat ! Ils aident les grandes entreprises à licencier, ils les couvrent de cadeaux fiscaux et de dégrèvements de cotisations sociales pour augmenter leurs profits. Et pour financer ces cadeaux, les partis de gouvernements suppriment eux-mêmes des dizaines de milliers d’emplois dans les services publics entraînant leur dégradation et augmentant le chômage des jeunes !
Par conséquent, de plus en plus de travailleurs ne croient plus ces partis. Ils constatent au contraire, que quelle que soit la coalition au gouvernement, la vie se dégrade, les loyers explosent, les soins sont de plus en plus chers, les hôpitaux sont de moins en moins accessibles, les transports de plus en plus longs et coûteux, l’enseignement des enfants de plus en plus déficient… Seuls les profits des riches actionnaires augmentent !
Alors les partis de gouvernements tentent d’éviter de nouvelles élections car ils craignent que les électeurs se détournent d’eux encore plus qu’aux précédentes ! Ils se disent pour la démocratie… mais craignent le vote du peuple !
C’est qu’en fait, nous ne sommes pas réellement en démocratie.
En réalité, ces députés et ces ministres qui accèdent aux gouvernements ne sont que le paravent derrière lequel agit le vrai pouvoir, le pouvoir des propriétaires de vastes capitaux, les actionnaires des grandes banques et entreprises. C’est dans les conseils d’administrations des grands groupes capitalistes que se prennent les décisions et les partis qui vont dans les gouvernements ne font que les suivre.
Mais plus la duperie devient visible, plus les partis usent de démagogie. Pour détourner les regards, ils accusent les « autres » : les Flamands, les Wallons, les migrants, l’Europe, … mais jamais le grand patronat qui est pourtant le seul à profiter de la politique menée!
C’est avant tout la conséquence de ces démagogies qui empêche aujourd’hui les différents partis de former une coalition. Car sur le fond, ils sont tous d’accord. Ils sont d’accord pour faire payer aux classes populaires la dette creusée pour servir les capitalistes. D’accord pour faciliter les licenciements. D’accord pour faire pression sur les chômeurs, et laisser faire les licencieurs !
Ils continueront leur fuite en avant dans la voie de la démagogie et de la division. Les dirigeants de la N-VA et du PS ont encore haussé le ton régionaliste ces dernier temps, poussant à la division du pays. Cela n’empêchera pas les riches actionnaires des grandes entreprises de tirer leur épingle du jeu, mais ce sera une catastrophe pour les travailleurs !
La seule façon de sortir de l’impasse où nous conduisent le capitalisme et ses défenseurs, c’est que les travailleurs défendent leurs intérêts communs, peu importe le côté de la frontière linguistique où ils se trouvent. La seule solution, c’est que les travailleurs se préparent à diriger eux-mêmes la société, diriger eux-mêmes les entreprises. Alors il pourra y avoir une réelle démocratie. C’est utopique ? Pas autant que d’espérer que les choses puissent s’améliorer en changeant l’équipe de larbins au gouvernement!