Accord nucléaire : quand une crise de l’énergie en cache une autre

Engie et le gouvernement auraient trouvé un « accord » sur la prolongation de Doel 4 et Tihange 3. Sous prétexte d’« indépendance énergétique » vis-à-vis du gaz russe, l’exploitation de ces réacteurs qui auront 40 ans en 2025, sera prolongée. Ce qui nécessite une révision et une préparation de grande ampleur très coûteuse. 

Vite vite

Ces travaux sont censés être terminés en 2026. Engie promet de « faire ses meilleurs efforts » pour préparer les réacteurs selon toutes les prescriptions de sécurité en 3 ans et ½  ans au lieu de 5. Les « meilleurs efforts » seront surtout demandés aux travailleurs, avec tous les risques que cela comporte. Et bien sûr, nulle part il n’est question d’embauches supplémentaires.

Les coûts pour nous, les profits pour Engie

Le gouvernement, lui, s’engage à supporter le risque financier de ces travaux en devenant actionnaire d’une nouvelle filiale commune avec Engie. Et surtout, il garantit un « plafonnement du prix de la gestion des déchets ». En clair : les coûts qui dépasseront un plafond dont le montant n’est pas publié (!) seront payés par les contribuables et/ou les consommateurs.

Société à irresponsabilité illimitée

Or aujourd’hui, personne ne peut prévoir le montant du coût de la « gestion des déchets »  car personne n’a de plan. Pas Engie, dont le seul « plan » est de débarrasser ses actionnaires du fardeau, en le repassant aux contribuables et aux consommateurs. Ni l’Etat dont les caisses sont vidées par les milliards de subventions distribués aux banques et autres entreprises du capitalisme en crise. En attendant, les fûts de déchets entreposés « temporairement » depuis 40 ans, ont déjà commencé à rouiller et à fuiter…

Engie peut désormais officiellement se laver les mains des risques financiers et physiques qui ne pèsent plus que sur la population. Les actionnaires du groupe peuvent, eux, continuer à engranger des profits faramineux. Les ministres négociateurs dont Ecolo, VLD, et le PS, en sont fiers, mais aussi la NV-A et le Vlaams Belang, défenseurs du nucléaire depuis longtemps, qui se targuent de voir Ecolo se rallier à leur position. Ce qui en dit long sur ces serviteurs des riches.

L’illusion de « l’indépendance énergétique »

Pour justifier cet accord inacceptable, les ministres invoquent « l’indépendance énergétique » vis-à-vis du gaz russe. Ils trouvent sans doute le gaz et le pétrole en provenance des dictatures comme le Qatar ou l’Arabie saoudite moins problématiques moralement ?! Ce n’est pas la dictature qui les gêne ou le régime moyenâgeux qui opprime les femmes, mais le fait que l’OTAN, dont la Belgique fait partie, est – pour l’instant encore, par l’Ukraine interposée – en guerre contre la Russie. En plus de justifier les cadeaux à Engie, le mot d’ordre de « l’indépendance énergétique » vise à préparer les consciences à la guerre. Au bout, ce seront des situations comme l’ont vécu et vivent encore les travailleurs de la centrale nucléaire de Zaporijia.

C’est le contraire qu’il faut : une solution mondiale au problème de l’énergie en fonction des intérêts de l’humanité toute entière. Pour ça, la seule solution, c’est renverser le capitalisme.