La violence ? Contre qui ?

Avec 120.000 manifestants, la mobilisation du 6 novembre dernier a été un grand succès et elle témoigne de l’inquiétude et de la colère croissante dans les couches populaires. Depuis de nombreuses années, ce sont en effet les travailleurs et leurs familles qui payent les pots cassés d’une crise pour laquelle ils ne sont en rien responsables.

Les nombreux manifestants qui exprimaient leur refus de travailleur jusqu’à 67 ans témoignent avant tout de l’aggravation des conditions de travail, et cela dans tous les secteurs : de l’ouvrier d’usine jusqu’au professeur d’école ou l’employé de banque. C’est le résultat des centaines de milliers de licenciements de ces dernières années, allant chaque fois de pair avec des augmentations de la charge de travail et souvent avec des baisses de salaires pour ceux qui gardaient leur emploi.

Avec le saut d’index annoncé, beaucoup de familles, et pas seulement les nombreuses familles dont un ou plusieurs membres ont perdu leur emploi, sentent la corde financière se serrer encore un peu plus autour de leur cou.

Les licenciements, les difficultés financières toujours plus importantes, le manque de perspectives pour les jeunes qui savent déjà que pour avoir un travail, même précaire, il faut donner toujours plus, et souvent au sacrifice de sa santé, les démarches interminables pour trouver un emploi en se faisant refuser encore et encore : c’est la violence subie au quotidien par des millions d’exploités.

Oui, la lutte de classe bat son plein, et ce sont les travailleurs qui reçoivent des coups d’une violence croissante ! Et oui, il est temps de riposter. Mais ce n’est pas dans des bagarres stériles avec les forces de l’ordre capitaliste, pas en jetant des pétards dans les jambes d’autres manifestants, et encore moins en cassant les voitures d’autres travailleurs qu’on rendra les coups à ceux qui nous en donnent !

Les travailleurs ne pourront inverser le rapport des forces qu’avec un programme et des revendications défendant l’intérêt de l’ensemble des travailleurs, et en étant déterminés de toucher les capitalistes là où ça fait mal à eux : dans leurs profits ! Taper sur les flics, c’est comme pour le taureau d’encorner la muleta, ce n’est pas la bonne cible !

La classe capitaliste est déterminée à ne rien sacrifier des profits et des fortunes amassés sur le dos des travailleurs. Car pour faire face à la baisse des ventes, il ne leur reste que la possibilité de prendre sur nos salaires : par les licenciements, en augmentant la charge de travail et en baissant des salaires de ceux qui restent, en se servant dans la caisse de nos pensions, et en nous faisant rembourser la dette qui a été creusée pour sauver leurs profits spéculatifs !

La première revendication du monde du travail doit être l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, sans perte de salaires. C’est la crise ? Qu’on prenne sur les profits présents et passés pour garantir que chacun ait un travail et un salaire permettant de vivre !

Les possédants et les ministres à leur service ne se laisseront pas impressionner par des pavés qui volent. Ce ne sont pas eux qui les prennent dans la figure… Par contre, voir des travailleurs de plus en plus nombreux manifester pour exiger leur dû, suffisamment sûrs d’eux pour faire entendre raison à ceux dans le cortège qui s’amusent avec des pétards, et qui ne tombent pas dans la première provocation policière venue, la classe capitaliste y verra le signal que le rapport de force est en train de changer et qu’il y a urgence de lâcher du lest.

C’est de cela qu’il faut se convaincre et convaincre nos collègues. Il faut mettre les mobilisations à venir à profit pour faire entendre les revendications fondamentales du monde du travail !