Pour une Europe débarrassée de la dictature des financiers

Le 25 mai, ce seront – entre autres – les élections européennes. Des élections qui se déroulent dans une situation qui devient dramatique pour une partie croissante de la population. Partout, le chômage augmente, les salaires reculent, le patronat généralise la flexibilité et intensifie le rythme de travail.

Partout, une part croissante de l’argent public est consacrée à payer des intérêts aux banques en engraissant les financiers. Pour ce faire, les Etats suppriment des emplois indispensables dans les services publics, dans les hôpitaux, dans l’enseignement. Ils procèdent à des coupes dans les dépenses sociales.

Partout, le patronat des grandes entreprises capitalistes trouve des gouvernements obéissants, de droite comme de gauche, qui imposent des politiques d’austérité à la majorité de la population.

La même question se pose partout : comment les travailleurs peuvent-ils enrayer le recul de leurs conditions d’existence matérielle et empêcher la décomposition de la vie sociale ? Comment s’opposer aux deux maux qui résument la folie de l’économie capitaliste, le chômage et le recul incessant du pouvoir d’achat ?

Dans cette situation, dans tous les pays européens, on voit apparaître des courants politiques qui prônent le retour à l’Etat national, et la dénonciation de l’Europe désignée comme responsable de tous les maux. Ils disent que l’Euro aurait fait monter les prix… D’après eux, ce serait l’Europe encore et la (très relative) ouverture des frontières qui permettrait d’exploiter des travailleurs venus des pays de l’Est à des salaires de famine dans les pays plus riches… Et ce serait l’Allemagne de Merkel qui obligerait tous les gouvernements à appliquer une politique d’austérité drastique ! Tout cela est faux!

Ce n’est pas parce qu’on retournerait aux monnaies nationales que les salaires seraient enfin suffisants. Au contraire, si les classes capitalistes ne voient plus d’autre issue que de recourir à cette mesure, c’est que la crise sera tellement forte, qu’ils tenteront plutôt de nous imposer des salaires encore plus bas.

Quant à l’austérité, il n’y a pas un chef d’Etat dans toute l’Europe qui avait besoin de Merkel pour être convaincu de faire payer les milliards distribués aux banquiers et capitalistes par les masses laborieuses. Tout au plus, il y a désaccord sur les montants d’argent public que les Etats peuvent dépenser pour continuer à soutenir les profits de « leurs » capitalistes. Mais dans un cas comme dans l’autre, tous sont d’accord pour prélever l’argent sur les classes populaires.

Quant à jouer sur la concurrence entre les travailleurs pour baisser les salaires, en faisant venir des travailleurs d’ailleurs, c’est ce que les capitalistes ont toujours fait, depuis le début même du capitalisme où ils embauchaient les femmes et même les enfants des ouvriers qu’ils payaient moins cher que les hommes. Exploiter les travailleurs jusqu’au sang, ils savent le faire, avec ou sans l’Europe.

Faire croire aux travailleurs que les frontières les protégeront contre l’exploitation, c’est leur mentir ! Ce n’est ni l’unification européenne, ni l’euro que les travailleurs ont à combattre, mais la dictature du grand capital, la dictature de leurs exploiteurs !

L’Europe est loin d’être unifiée. Les grands groupes capitalistes sont incapables de surmonter la concurrence qui les oppose les uns aux autres. Et leur Europe ne peut pas avoir d’autre apparence que le système capitaliste en général : celle d’une jungle où règne la loi du plus fort et où les gros mangent les petits. Un système qui enfonce l’humanité tous les jours un peu plus dans les crises, les guerres et la misère.

Pour le maintien de cette Europe capitaliste, les travailleurs n’ont pas non plus de raisons d’accepter des sacrifices. Ils n’ont pas à choisir leur camp entre les pro- ou les anti-européens. Ils ont les intérêts de leur propre camp à défendre, celui des travailleurs :

Face au chômage, il faut commencer par interdire les licenciements et répartir le travail entre tous sans diminution des salaires.

Il faut augmenter les salaires, les pensions et allocations et imposer leur véritable indexation sur les prix, sous le contrôle des travailleurs. Si les capitalistes prétendent qu’ils n’ont pas les moyens, qu’ils ouvrent donc leurs comptes ! La population pourra alors constater que ce n’est pas vrai.

Quand les travailleurs d’un pays, puis d’un autre, commenceront à se rassembler sous ce drapeau de la défense des intérêts de la classe ouvrière, ils auront non seulement les moyens de stopper la catastrophe sociale en cours, mais aussi les moyens de réellement unifier l’Europe et de la baser sur la réelle solidarité entre les exploités de tous les pays qu’ils tisseront dans ces luttes.