Birmanie : la classe ouvrière contre la dictature

Depuis que les généraux birmans ont mis fin au gouvernement de Aung San Suu Kyi, le 1er février, de nombreux travailleurs  bravent la répression et manifestent jour après jour pour dénoncer la dictature. Les centres urbains du pays ont vu se développer, depuis quelques années, des usines notamment textiles dont les donneurs d’ordre sont des grandes marques occidentales comme Adidas, C&A, Primark ou encore Lidl, attirées par des salaires de 2 à 3 euros par jour. 

Mais les travailleurs birmans ont appris à s’organiser, à créer des syndicats et arracher des concessions à leurs exploiteurs. Aujourd’hui, ils savent que le retour de l’armée au pouvoir est dirigé principalement contre ce qu’ils ont acquis par la lutte. Leur courage face aux soldats et à la police est contagieux et entraîne des employés, des ingénieurs, des avocats, des étudiants…

La population et les travailleurs birmans ont déjà payé de plusieurs centaines de morts leur opposition à l’armée. Et même un éventuel retour d’un gouvernement civil ne mettrait pas fin aux exactions contre la population, comme cela a été le cas contre les Rohingya. Car dans les villes comme dans les régions rurales, les travailleurs sont soumis à l’oppression, exploités ou chassés de leurs terres pour le bénéfice de compagnies capitalistes occidentales ou chinoises. Mais au travers de ces luttes pour défendre leur droit à une existence digne, des millions de travailleurs apprennent que les oppresseurs qui tirent les ficelles de l’armée appartiennent à la classe capitaliste qui domine le monde.

La Commune de Paris : l’anniversaire du premier pouvoir ouvrier de l’histoire

Il y a 150 ans, les travailleurs, les petits commerçants et artisans de la plus grande ville d’Europe (Paris à l’époque) s’emparaient du pouvoir politique. Le régime militaire de Napoléon III s’était effondré suite à sa défaite contre la Prusse, à l’automne 1870. Pour défendre la ville, la population laborieuse de Paris avait rejoint massivement les unités de la Garde Nationale, elle avait des armes et des canons. C’est précisément ce qui inquiétait les riches bourgeois français. Le gouvernement tenta de désarmer les travailleurs, ce qui provoqua une révolte. Tous les ministres s’enfuirent à Versailles, suivis par les officiers et la bourgeoisie. A la surprise de l’Europe et du monde, les travailleurs parisiens organisèrent le premier pouvoir ouvrier pour diriger la ville dans des circonstances de guerre et de pénurie générale. Ce gouvernement ne ressemblait à aucun autre. Les responsables étaient élus directement par les travailleurs, mais restaient révocables à tout moment et ne recevaient qu’une paye d’ouvrier. 

Immédiatement, ce gouvernement ouvrier s’attaqua aux problèmes des travailleurs : les loyers, impayables du fait de l’arrêt de l’activité économique, furent suspendus, la durée de la journée de travail, réduite, les salaires les plus bas, augmentés, le travail de nuit interdit pour les femmes et les enfants. Des initiatives étaient organisées pour créer un enseignement gratuit accessible aux enfants des travailleurs. Les sans-abris étaient recueillis, logés et soignés.

Tous ces exemples étaient extrêmement dangereux pour la bourgeoisie qui craignait que ce pouvoir populaire ne s’étende à la France et au reste de l’Europe. Les dirigeants français et prussiens unirent leurs efforts pour écraser Paris sous les boulets de canon. La ville fut incendiée, reprise par des combats de rue acharnés. 20 000 hommes, femmes et enfants furent exécutés en quelques jours.

« Le socialisme est vaincu pour une génération » se félicitait le responsable de cette répression impitoyable, le président Thiers. Il se trompait lourdement. Le mouvement socialiste prenait seulement son élan. L’exemple de la Commune de Paris fut une révélation pour une génération de travailleurs et de militants qui découvrirent l’incroyable force d’organisation et d’initiative des petits gens du peuple emmenés par les ouvriers. Toutes les révolutions ouvrières du 20e siècle, à commencer par les révolutions russes de 1905 et 1917, avaient l’exemple de la Commune pour trouver comment les travailleurs pouvaient construire et contrôler un pouvoir politique réellement à leur service.

Ce sens de l’initiative, cette énergie pour créer une société nouvelle, sommeille aujourd’hui dans les têtes de la jeunesse ouvrière de tous les pays. Il faudra que ce volcan se réveille pour empêcher l’effondrement de la civilisation humaine dans la crise du capitalisme !