Vaccin Pfizer : la science noyée dans le business

L’entreprise pharmaceutique Pfizer a annoncé une efficacité de 90% pour son vaccin contre le Covid encore en cours d’évaluation.

Cette nouvelle enthousiasme les scientifiques dans le monde entier parce que c’est la première fois que de tels chiffres sont atteints pour un vaccin contre le Covid, et que c’est aussi la première fois qu’un vaccin à ARN, la nouvelle technique utilisée pour ce vaccin, est efficace chez l’homme. Cela pourrait ouvrir des perspectives pour la lutte contre d’autres maladies.

Mais si Pfizer a insisté sur le taux d’efficacité, il a moins insisté sur le fait que ce résultat ne concerne que les 92 premiers patients testés sur 43 000 participants à l’étude ! Les chiffres peuvent encore changer avec l’avancement du test. De plus, on ne sait encore rien sur l’efficacité à plus long terme, la durée de l’immunité, ni pour les personnes à risques… Au-delà de l’avancée technique importante, il est donc difficile de prédire l’avenir de ce vaccin.

Alors, pourquoi Pfizer s’est empressé de publier ses résultats partiels ? Un journaliste a révélé que Pfizer voulait déjà annoncer des résultats avec 30 patients testés seulement ! C’est que tous les groupes pharmaceutiques sont au coude à coude pour faire signer des commandes de vaccins aux Etats qui en ont les moyens. Ainsi le Canada a annoncé une commande supplémentaire de 56 millions de doses. Et l’action de Pfizer a bondi de 7% en une journée, ce qui a permis aux dirigeants de l’entreprise de vendre pour 7,5 millions de dollars d’actions (elles valaient 7 millions la veille).

L’impatience de Pfizer à publier ses premiers résultats n’a rien à voir avec l’intérêt scientifique.

En Belgique, l’agence fédérale des médicaments va devoir se prononcer rapidement sur l’achat ou non du vaccin de Pfizer. Le responsable de l’agence s’inquiétait du problème logistique que pose ce vaccin qui doit être conservé au froid intense, à -80°. Comment équiper l’ensemble de la chaîne de distribution jusqu’aux médecins de moyens frigorifiques alors que l’agence a déjà des difficultés à se fournir en seringues appropriées ?

Ce qui fera peut-être pencher la balance, c’est que Pfizer a promis de produire une partie du vaccin en Belgique. La recherche d’un vaccin n’échappe pas à la recherche du profit.