Manifestation de la santé en lutte : une mobilisation réussie et qui continue

Dimanche 13 septembre, entre 4 000 et 7 000 personnes ont manifesté à Bruxelles à l’appel du collectif La Santé en Lutte.
Sous des slogans comme « le capital tue l’hôpital », « vos milliards, nos morts », «pas de profits sur nos vies ! », « leurs bénéfices, nos sacrifices », infirmières, sages-femmes, personnel technique des hôpitaux, des travailleuses des maisons de repos, ainsi que des étudiants des métiers de la santé ont répondu à l’appel du collectif pour exprimer leur colère.
En effet, pour les « héros » de la « lutte contre le coronavirus », rien n’a changé : sous-effectif, manque de moyens et heures supplémentaires à la pelle pour un salaire dérisoire constituent la réalité épuisante des travailleurs de la santé qui réclament le refinancement du système de la santé, des hôpitaux qui ne fonctionnent pas comme des usines en simples machines à fric, mais qui servent réellement à soigner.
A côté de quelques manifestants plus âgés qui ont vécu des carrières faites d’austérité et de privatisations, il y avait beaucoup de jeunes qui ont découvert l’ineptie du gouvernement et du système qu’il représente lors de la crise sanitaire où ils étaient en première ligne.
Les travailleurs de la santé étaient rejoints par des militants contre la pauvreté et le sans-abrisme, du féminisme, des sans-papiers… Des causes que les initiateurs de la manifestation considèrent à juste titre comme liées : en effet, comment avoir un système de santé qui fonctionne dans une société aussi inégalitaire où tant de personnes n’ont pas d’endroit où se confiner ou alors des logements insalubres ? Où les femmes sont toujours en première ligne quand il s’agit des soins à autrui… sous-payées ou pas payées du tout ? Et où il faut avoir des bons papiers d’identité pour avoir un accès à l’hôpital… autre que pour le nettoyer ?
Et il y avait des groupes de travailleurs d’autres secteurs : des cheminots, des pompiers qui témoignaient exactement des mêmes problèmes, des « travailleurs sociaux en lutte » ou encore des manifestants individuels, conscients qu’à un moment donné, on sera tous de futurs patients des hôpitaux.
Le succès de la manifestation était d’autant plus remarquable que la mobilisation n’était pas l’initiative des principales organisations syndicales. Au contraire. Elle est partie de quelques militants, loin d’avoir tous un mandat syndical, de travailleurs jeunes et moins jeunes qui ne veulent plus accepter de laisser leur santé au travail. Bien avant l’arrivée du coronavirus, ils avaient déjà mené des grèves, notamment à l’hôpital Brugman en 2019. Avec le souci de surmonter les divisions hiérarchiques entre les différentes catégories de travailleurs de l’hôpital – il n’y a pas que des « blouses blanches » – mais aussi du personnel d’entretien, de brancardage, …, et de s’organiser démocratiquement « à la base ».
Ils appellent leurs collègues dans les autres hôpitaux à se « déclarer en lutte » sans attendre que les appareils syndicaux veuillent bien se mettre en marche. Ainsi, ces travailleuses et travailleurs ont commencé à prendre les choses en main eux-mêmes pour discuter entre collègues et convaincre autour d’eux. Les initiatives se multiplient, comme à Liège où un groupe de la Santé en Lutte a rendu visite aux grévistes de AB Inbev.
La lutte ne fait que commencer et face au capitalisme en crise, c’est le chemin à prendre pour l’ensemble du monde du travail dans son ensemble.