Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise !

Brussels Airlines annonce la suppression de 1 000 emplois ou d’un quart du personnel, sans doute suivie par une cascade d’autres licenciements chez les sous-traitants. Sur l’ensemble du groupe Lufthansa, 10 000 emplois sont menacés.
Cette annonce suit celle de Ryanair qui menace de supprimer au moins 3 000 emplois. Et le mouvement se poursuit avec 8000 suppressions de postes dans le monde, chez TUI.
C’est en fait le début d’une vague de licenciements à l’échelle mondiale dont le journal patronal l’Echo estime qu’elle pourrait toucher, rien qu’en Belgique, 180 000 travailleurs sur les 1,3 millions actuellement en chômage économique.

Après la vague de malades et de morts provoquée tant par le virus que par l’impréparation désastreuse face à l’épidémie de gouvernements au service du capitalisme, voici une deuxième vague destructrice de nos existences. Pas plus que la première, elle n’est une fatalité.

L’Etat allemand injecte 9 milliards d’euros dans la compagnie Lufthansa, l’Etat belge également se dit prêt à injecter 300 millions d’euros dans l’entreprise, mais veut des “garanties” et un “droit de regard” vis-à-vis de la compagnie allemande, disent les ministres.

Quelle garantie, quel droit de regard ? Et surtout quelle garantie cela donnerait aux travailleurs ? Les travailleurs n’ont pas plus de raison de faire confiance à l’Etat belge qu’aux actionnaires de Lufthansa !
L’Etat belge était actionnaire majoritaire de la Sabena devenue une filiale de Swiss Air, cela n’a pas empêché sa faillite en 2001, sans que l’on sache ce que sont devenus les importants investissements publics.
Et plus récemment, en 2019, l’Etat n’a pas empêché Proximus de supprimer près de 2 000 emplois. Il y détient pourtant 50% plus 1 action du capital. Et on peut dire la même chose pour Belfius, etc.

Et ce n’est pas parce que la compagnie est allemande que les travailleurs en Allemagne seront épargnés! La compagnie va quand-même procéder aux licenciements et à une dégradation de plus des conditions de travail de ceux qui restent.

L’argent public, jeté par les fenêtres pour soutenir des entreprises, a gonflé les fortunes des actionnaires, qui ont licencié quand même, reniant leurs promesses s’ils avaient même trouvé nécessaire d’en faire.

Et puis, une fois que les Etats auront sauvé la mise aux actionnaires de Brussels Airlines / Lufthansa, qui sera le prochain ? Cette crise économique avait démarré bien avant la pandémie du Covid-19, la liste d’entreprises qui n’y survivront pas et feront faillite ou se feront manger par leurs concurrents plus forts, va s’allonger.
Tous ces milliards distribués par l’Etat manqueront aux services publics, comme la santé, l’enseignement les homes, les transports…

Subventionner les entreprises à fonds perdus n’est pas une solution. Nos salaires réduits, les services publics au régime, les caisses de la sécurité sociale ponctionnées ont déjà « sauvé » tant de grandes fortunes sans rien résoudre pour les travailleurs, au contraire.

Il est temps d’inverser les choses. Qu’on prenne sur les fortunes des actionnaires, milliardaires, banquiers et autres capitalistes pour maintenir nos emplois et existences !

Aucun travailleur ne doit perdre son salaire. Les avions n’ont plus de passagers ? Les voitures trouvent moins d’acheteurs ? Peut-être, mais même dans la pire crise économique il y a toujours du travail. Ce travail, il faut le répartir entre tous, sans perte de salaire. Et il y a bien d’autres activités à développer, comme la construction et la rénovation de logements, des postes à pourvoir dans la santé et l’enseignement.

Les travailleurs n’ont aucune raison de faire confiance à l’Etat, pas plus qu’aux capitalistes. Ils mentent, ils trichent, ils ne pensent qu’à leurs profits au détriment des besoins les plus vitaux de la collectivité. Il faut les contrôler ! Il faut imposer la levée du secret des affaires et soumettre au contrôle des travailleurs les comptes des entreprises et toutes les décisions qui y sont prises.

C’est utopique ? La seule chose qui soit utopique c’est de croire que sous la domination des capitalistes, l’humanité puisse aller ailleurs qu’à la catastrophe !

Oui, c’est un véritable bras de fer que nous avons devant nous. C’est leurs profits OU nos salaires ! C’est eux OU nous.

Mais le rapport de force peut être en faveur de notre camp, le camp des travailleurs, le camp de ceux qui font tout fonctionner dans la société et n’exploitent personne. Les travailleurs peuvent être les plus forts s’ils comptent sur leurs propres forces et sur leurs vrais alliés, les travailleurs des autres secteurs et des autres pays.

Sans les travailleurs, rien ne fonctionne, alors que sans les actionnaires, la société peut vivre très bien. Ils ont les millions ? Nous sommes des millions !