Face aux attaques patronales et gouvernementales, les travailleurs ont leurs propres exigences à défendre

Au lendemain de la manifestation réussie du 16 mai pour les pensions, les directions syndicales sont revenues aux négociations traditionnelles avec le patronat. La manifestation aurait pu être le début d’une mobilisation, au lieu de ça, les dirigeants syndicaux discutent avec le patronat des critères de pénibilité censés fixer quels métiers auront le droit de prendre leur pension moins tard. Mais accepter de discuter des conditions de la réforme des pensions, c’est déjà en accepter le principe !

Pourtant, cette « réforme » n’a rien d’acceptable. Le ministre des pensions ne ménage pas sa salive pour nous expliquer que cette réforme devrait sauver nos pensions, menacées par le vieillissement de la population. Ce serait même un progrès social !

Devoir travailler plus longtemps pour une pension rabotée, c’est bien sûr le contraire du progrès social ! Et ce n’est nullement le vieillissement de la population qui menace les pensions. Les progrès techniques ont augmenté l’espérance de vie ? Tant mieux ! Le même progrès technologique permet aussi aux travailleurs de produire beaucoup plus de richesses en moins de temps. Le problème est que cet important gain de productivité est quasi totalement accaparé par la classe capitaliste. Au lieu de permettre l’augmentation des salaires et des pensions, ces gains de productivité se transforment en profits, dividendes et grandes fortunes qui alimentent la spéculation et finissent en krachs boursiers.

C’est se battre pour des pensions et des salaires corrects qui va dans le sens du progrès social !

Les dirigeants syndicaux nous expliquent que sans leur présence à la table des négociations, la réforme de la pension à points serait déjà passée. Pour eux, l’enjeu est de garder leur place à la table des négociations, pas de créer un véritable rapport de forces, seul capable de faire reculer patrons et gouvernements.

C’est vrai que le gouvernement Michel, en annonçant dès le début le recul de l’âge de la pension à 67 ans, avait signalé aux appareils syndicaux qu’il était prêt à décider sans eux. Mais de fait, c’est ce qu’il a fait depuis, chaque fois que la « concertation sociale » n’amenait pas le résultat qu’espérait le patronat ! C’était notamment le cas pour la loi Peeters qui a mis fin de fait à la semaine des 38 heures.

Et c’est aussi la seule issue possible des négociations actuelles : soit les syndicats cèdent au camp patronal, soit le gouvernement tranchera dans le sens patronal ! Et même si les « métiers pénibles » permettent à certaines catégories de travailleurs de partir moins tard à la retraite, avec des pensions de misère, ils risquent de devoir accepter des jobs précaires bien au-delà de l’âge de la retraite pour pouvoir survivre ! C’est le cas déjà de nombreux retraités en Allemagne où la pension à points a été introduite par le gouvernement Schröder au début des années 2000.

Il est vain de croire qu’on pourrait convaincre le camp patronal. Pour maintenir ses profits dans ce contexte de stagnation économique, voire de récession, le patronat prend chez les travailleurs, intensifie l’exploitation. Dans les entreprises, les patrons le font en licenciant, en augmentant la charge de travail de ceux qui restent et en baissant les salaires. Le gouvernement se charge de leur transférer nos pensions, l’argent public qui servait aux écoles, aux services sociaux…

Oui, le camp patronal nous mène une véritable guerre de classe et c’est leurs profits OU nos salaires ! Les directions syndicales peuvent peut-être se contenter de palabrer avec des patrons qui ne céderont rien, mais pour les travailleurs et les militants dans les entreprises comme dans les services publics, il s’agit de se préparer à sauver leur peau, sauver leurs salaires et leurs emplois !

Face au programme de la classe capitaliste « les profits maximum et après nous le déluge », les travailleurs sont en droit de poser leurs propres exigences, leur propre programme : chacun doit avoir un salaire et une pension qui permettent de vivre correctement. C’est nous qui avons produit les profits qu’accapare la classe capitaliste, ils doivent servir à garantir un travail, un salaire et une pension corrects à chaque travailleur ! Ce n’est pas à nous de nous écraser !

C’est en avançant avec la fierté de la classe qui produit tout et qui peut tout, qui est nombreuse partout dans le monde et à l’origine de toutes les richesses, que les travailleurs ne seront pas seulement capables d’imposer des reculs à la classe capitaliste, mais même de faire table rase de leur vieux monde pourri !