La société capitaliste craque de toutes parts, les travailleurs peuvent en construire une nouvelle !

Les agents pénitentiaires de plusieurs prisons sont en grève depuis trois semaines. Alors qu’ils travaillent déjà en sous-effectif chronique, le gouvernement impose des économies sur la masse salariale de 10%. Cela signifie que les départs ne sont pas remplacés et que les gardiens devront faire avec 10-20% de personnel en moins pour plus de prisonniers (+2 200 en 10 ans) dans des prisons surpeuplées. S’ajoutent des économies dans les frais de fonctionnement, au point qu’en 2015, pour le renouvellement des uniformes, il a fallu choisir entre l’achat de polos ou de chaussures !

Contrôleurs d’impôts, personnel des tribunaux, cheminots, personnel hospitalier… toute la fonction publique voit des économies s’ajouter aux économies et ses conditions de travail se dégrader au point que délivrer le service demandé devient difficile, voire impossible. Alors, les contrôles d’impôts, surtout les plus compliqués, chez les riches, ne sont pas effectués, les retards judiciaires passent de plusieurs mois à plusieurs années, surtout pour les plus pauvres qui n’ont pas les moyens de se payer un grand avocat. Les trains sont en retard, les élèves s’entassent dans des classes surpeuplées avec des enseignants au bord du burnout, etc. etc. etc. Oui, rien ne va plus !

Et voilà trois patrons, dont Johnny Thijs, ex-patron de BPost, qui lancent un appel pour « revitaliser ce pays qui donne l’impression de ne plus fonctionner » ! Ils voudraient nous faire croire que le patronat ferait mieux que l’Etat ? Mais si la fonction publique va mal c’est que toutes ces politiques d’austérité l’ont mise à genoux, et les économies réalisées ont profité au grand patronat ! Baisse des impôts des sociétés de 45% à 33,99% en 1999, et à 25% aujourd’hui ?! Intérêts notionnels, rulings, baisse de cotisations sociales pour le patronat de plusieurs milliards d’euros par an… L’argent qui manque aujourd’hui dans les caisses de l’Etat pour faire fonctionner les services publics, c’est dans les coffres des plus riches qu’on peut le trouver !

Et quel est « l’exemple de réussite » que ces patrons avancent dans leur appel ? « Belgacom, devenu Proximus et la Poste devenue BPost » ! Une réussite, ces privatisations qui ont transformé ces services publics en machines à profits pour les actionnaires ?! Pas pour les usagers, et encore moins pour les travailleurs ! A la Poste, des statuts au rabais ont permis de baisser les salaires et la charge de travail a été augmentée. Quant à Proximus, les actionnaires y suppriment encore 3 500 emplois aujourd’hui. C’est justement la « réussite » des actionnaires qui a visage de catastrophe pour les travailleurs !

Si la grève des gardiens de prison est aujourd’hui vue avec sympathie par beaucoup de travailleurs, y compris chez BPost et Proximus, c’est que les problèmes des gardiens parlent à tous et pas seulement dans le secteur public. Ne pas pouvoir prendre ses congés pour cause de sous-effectif, faire le travail pour deux suite à une restructuration où une partie des collègues a été licenciée, renoncer au respect des règles de sécurité et de qualité par manque de temps. Dans quelle entreprise ne connaît-on pas cela ?!

En fait, l’Etat ne fait qu’appliquer à l’échelle du pays ce que le patronat applique dans les entreprises: prendre chez les travailleurs pour enrichir toujours plus les actionnaires ! Quitte à fermer des entreprises, à baisser la qualité, à négliger la sécurité.

C’est ce parasitisme d’une classe sociale riche ultra-minoritaire qui est la cause du délabrement généralisé et de l’incapacité de planifier à long terme, que ce soit en Belgique, au niveau européen ou mondial. Car la classe capitaliste est incapable de gérer la société autrement que pour son profit immédiat.

Il n’y a aucune raison de se plier aux règles de ce système qui fait faillite devant nos yeux. Et la manifestation de ce mardi nous permet de le dire tous ensemble. Travailler plus alors que plus d’un million de personnes en Belgique n’ont pas de travail ? Travailler plus alors que le progrès technique permet de produire beaucoup plus avec beaucoup moins d’effort ? C’est une absurdité à l’image de ce système absurde qui n’a d’autre avenir à nous offrir que le retour au 19ème siècle !

Les travailleurs ont à y opposer la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire. Qu’on prenne sur les profits pour que tous aient un travail et un salaire ! On aura alors suffisamment d’enseignants dans les écoles, on pourra construire les logements qui manquent, réparer les infrastructures défaillantes, trouver des solutions pour les centrales nucléaires en fin de vie… et il y aura aussi moins de gens en prison. L’avenir est dans les mains des travailleurs !