Arrêt des cadeaux au patronat, interdiction des licenciements !

Le simple fait que le constructeur d’automobiles Audi n’ait pas l’intention de fermer son usine à Forest en 2017, aura suffi pour déclencher une grande messe médiatique. Du premier ministre jusqu’aux divers ministres des Régions, on se félicitait d’avoir convaincu les dirigeants de cette entreprise de continuer à produire des voitures ici. L’un leur assurant des allègements fiscaux, le deuxième de former leur futur personnel et d’aider à la recherche, le troisième de développer les infrastructures nécessaires pour le développement des voitures électriques.

C’est ce que Charles Michel appelle être« business friendly, sexy pour les investisseurs, sexy pour l’emploi ».

Que les actionnaires trouvent ça sexy, c’est sûr. 140 millions d’euro d’argent public (en plus du reste) auront ainsi été déposés aux pieds d’Audi qui fait partie du groupe Volkswagen. Ce groupe n’a pas seulement participé à une révoltante tricherie environnementale planétaire, mais a aussi généré un bénéfice net de plus de 11 milliards d’euros  en 2014. Sa famille actionnaire principale – la famille Porsche-Piëch – est une des plus grandes fortunes d’Allemagne et d’Autriche. Ils n’ont pas besoin de l’argent public qui manquera cruellement à la population !

Distribuer des cadeaux à ces actionnaires n’est nullement un exploit dont on peut être fier, mais peu importe aux ministres : être aux ordres des capitalistes, c’est leur raison d’être. Quant au fait que ce serait une bonne chose pour l’emploi, cela relève du mensonge grossier !

Si le gouvernement se souciait de l’emploi, il ne laisserait pas supprimer en ce moment même 3 000 emplois chez Proximus, une entreprise dont l’Etat est pourtant l’actionnaire majoritaire. Il ne mettrait pas en place un plan de restructuration à la SNCB qui coûtera 7 000 emplois. Et il n’assècherait pas les budgets des communes contraintes de licencier du personnel au point de ne plus pouvoir assurer leurs fonctions sociales les plus élémentaires.

Quand les dirigeants d’un grand groupe capitaliste décident de fermer une usine, ce ne sont pas les millions des Etats qui les convaincront du contraire. Ford l’a montré, Opel l’a montré, ArcelorMittal l’a montré. Des cadeaux, les ministres leur en ont promis pour les faire changer d’avis. En 2009, Kris Peters avait même fait le voyage à Detroit pour les proposer personnellement au conseil d’administration de General Motors.

Il se trouve que les dirigeants de VW-Audi estiment, pour l’instant, qu’ils ont encore besoin de l’usine à Forest. Mais pourquoi se priveraient-ils d’un peu de chantage à l’emploi pour rafler quelques millions en prime ?

Les capitalistes n’ont jamais embauché personne pour « créer de l’emploi » ou pour faire plaisir à un ministre. Ils embauchent, quand ils peuvent vendre et que cela leur rapporte des profits. Quand cela ne rapporte pas assez à leur goût, ils jettent les travailleurs à la rue. Et rien dans le contrat actuel n’empêchera les actionnaires d’Audi de faire de même, s’ils le décidaient demain.

Tous ceux qui prétendent le contraire, peu importe leur couleur politique ou syndicale, mentent aux travailleurs ! Ce discours répété encore et encore malgré l’évidence même, prêche la résignation et la soumission des travailleurs aux intérêts capitalistes. Ils veulent faire croire que les travailleurs n’auraient pas d’autre choix, d’autres perspectives que d’espérer docilement qu’un patron veuille bien d’eux et que toute autre ambition serait vaine. Restez esclaves et dites merci au maître, voilà le message.

Ces prêches de soumission et tout ce spectacle ministériel ne méritent que le mépris des travailleurs. Les travailleurs ne sont pas impuissants ! C’est leur classe qui crée toutes les richesses, qui fait tout fonctionner dans la société. Par contre patrons et actionnaires ne peuvent rien sans les travailleurs ! Les travailleurs seraient en droit de défendre leurs propres intérêts et d’imposer leurs solutions ! Et la première chose, la mesure la plus élémentaire face à la crise serait d’interdire les licenciements, à commencer par les entreprises richissimes comme VW-Audi ! En retrouvant le chemin des luttes, les travailleurs sauront ôter aux capitalistes le pouvoir de détruire la vie de la population au gré de la conjoncture de leur économie folle !