Pour se défendre de la droite et de l’extrême-droite, il faut des luttes collectives de la classe ouvrière

Finalement le Front national n’est pas parvenu à se faire élire à la tête d’un Conseil régional en France. Dans les trois Régions où le FN avait cette possibilité au vu des résultats électoraux du 1er tour – Nord, Sud-Est et Est – des électeurs du Parti socialiste et des Verts sont allés voter en nombre pour les listes de l’UMP de Sarkozy (renommé « Les Républicains »). Cette situation où le FN n’était pas loin d’être majoritaire dans deux régions rend évidente l’évolution réactionnaire de la société.

Mais que ce soit le FN ou l’ex-UMP qui se retrouve à gérer les Conseil régionaux, cela ne changera pas grand-chose pour la vie des travailleurs : ils doivent de toute façon s’attendre à des attaques contre leur niveau de vie et contre les services publics utiles à la population. Le PS lui-même, à la tête de la plupart des Conseils régionaux en France, avait depuis de nombreuses années organisé la même austérité qu’il impose depuis le gouvernement. Et cette austérité du gouvernement Hollande-Valls est encore plus violente que celle de son prédécesseur Sarkozy.

La loi fourre-tout du ministre de l’économie Macron met en pièces le Code du travail et toutes les lois qui protégeaient tant soit peu les travailleurs de l’exploitation. Ce gouvernement socialiste, comme ceux de droite, a encouragé les licenciements dans les grandes entreprises en sabrant lui-même dans les emplois publics. Et ce sont les militants syndicaux d’Air France que leur police a cueillis au petit matin comme s’il s’agissait de terroristes, et pas les responsables des 2 900 licenciements programmés contre lesquels ils avaient protesté.

La conséquence, c’est que les voix qui se portent sur le FN ne cessent d’augmenter : 2 223 808 aux élections régionales en 2010, 4 672 932 aux européennes de 2014, 6 004 482 aux élections régionales de 2015. Cette augmentation continue depuis plusieurs années pèse sur la vie sociale et politique.

Le noyau dur de l’électorat FN, ce sont des petits et moyens patrons, des petits bourgeois ou cadres, souvent misogynes, xénophobes, racistes et autoritaires. Que leur nombre augmente, reflète déjà l’évolution réactionnaire de la société bourgeoise.

Mais un nombre important de travailleurs ont voté FN, c’est-à-dire pour leur pire ennemi. Cela témoigne d’abord de la désorientation politique profonde qui règne dans les rangs des travailleurs et du recul de la conscience de classe.

C’est le résultat de décennies de trahisons, des Partis socialistes d’abord, des Partis communistes devenus staliniens ensuite. Les dirigeants de ces partis ouvriers ont trahi les idées et les intérêts de la classe ouvrière pour se mettre au service de la bourgeoisie et glaner quelques places bien rémunérées.

Les Hollande en France, les Di Rupo ici expliquent aux travailleurs qu’il faut en finir avec les grèves pour « attirer les investisseurs en Wallonie », qu’il faut faire des sacrifices pour « une France compétitive ». Tout comme Le Pen, ils prêchent la résignation devant un système capitaliste toujours plus violent et destructeur. Pire, c’est le PS qui fait la chasse aux chômeurs, la police de Magnette qui organise la chasse aux sans-papiers à Charleroi, c’est Hollande-Valls qui ont laissé les migrants à Calais dans le dénuement total et qui ont tout fait pour accueillir le minimum de réfugiés en France.

Et ils saisissent toutes les occasions pour diviser les travailleurs, entre ceux qui ont un travail et ceux qui n’en n’ont pas, entre ceux d’ici et ceux venus d’ailleurs. Le PS en France reprend même le programme du FN sur la prolongation de l’État d’urgence, sur l’internement de toute une partie de présumés djihadistes potentiels, sur les fraudeurs aux allocations sociales… Et tout cela pour protéger les riches actionnaires, les patrons et banquiers spéculateurs du mécontentement de la population.

Ce n’est certainement pas derrière ces serviteurs des intérêts capitalistes, eux qui ont préparé le terrain pour le FN et l’extrême-droite, qu’on peut combattre l’extrême droite! On ne la combattra qu’en combattant ses causes : l’exploitation et le chômage. Et en combattant les divisions dans la classe ouvrière, pour se donner la capacité de combattre l’ordre capitaliste.

Le vote FN ne va pas dans le bon sens, mais il ne change rien à la force potentielle de la classe ouvrière. Le FN ne résoudra aucun des problèmes que connaissent les travailleurs, au contraire, il ne peut que les aggraver. La résignation qui conduit aujourd’hui des travailleurs à remettre leur sort dans les mains d’un prétendu sauveur suprême « qu’on n’a pas encore essayé » – De Wever hier, Le Pen aujourd’hui – finira tôt ou tard par se changer en colère.

C’est pourquoi la tâche des militants ouvriers est de reconstruire un parti qui aide les travailleurs à retrouver la conscience de ses intérêts et de sa force, de transmettre les idées communistes et internationalistes qui ont fait sa force dans le passé et qui lui permettront de gagner demain.