Les travailleurs ont le droit de se révolter !

Une patiente de l’hôpital CHU de Liège  est morte et la direction a porté plainte contre les syndicalistes parce que le chirurgien aurait été coincé dans les embouteillages causés par les actions de syndicalistes sur l’autoroute et serait arrivé avec un retard.

Ce décès est regrettable, mais est-ce le blocage de l’autoroute qui en est la cause ? Et dans ce cas, combien de morts causent les embouteillages autour de Bruxelles et dans tout le pays ? Et surtout, combien de patients sont morts ces dernières années à cause du manque de personnel et des économies de toutes sortes réalisés dans les hôpitaux et combien mourront dans les années à venir ?

Pour le patronat et le gouvernement c’est un prétexte pour intensifier leur offensive contre les syndicats et contre tout ce qui représente la lutte collective. Et les voilà à invoquer le « droit au travail » qu’il faudrait faire respecter par une loi contre les grévistes.

Ces représentants des organisations patronales, les ministres et journalistes à la solde du système, n’ont pas condamné Opel, Ford, ArcelorMittal, Caterpillar, Delhaize, les banques… qui ont privé des milliers de travailleurs de leur travail, et avec ça de leur seul moyen d’existence !

Les travailleurs ne peuvent invoquer de loi pour empêcher les dirigeants d’entreprises parfaitement profitables de les priver de leur salaire car la loi est faite par la bourgeoisie. Les travailleurs, eux, n’ont que leurs luttes pour se défendre. Ils n’ont pas d’autre solution que s’organiser et se défendre ensemble pour leurs salaires, leurs emplois et leurs conditions de travail. C’est sur la base de cette conscience que les travailleurs se sont organisés en syndicats dès le 19ème siècle.

Mais au lendemain de la 1re et puis la 2ème guerre mondiale, quand la classe capitaliste avait peur des révoltes des travailleurs et de la contagion de révolution Russe de 1917, le patronat a mis le prix pour se faire des dirigeants syndicaux des alliés, et faisait des concessions aux travailleurs, notamment la généralisation de la Sécurité sociale.

Les dirigeants syndicaux ont alors accepté de jouer aux « partenaires sociaux » en échange de privilèges et de places aux côtés de la bourgeoisie. Ils ont fait croire que la négociation permet de trouver un terrain d’entente avec le patronat, que travailleurs et patronat ont des intérêts communs. C’est faux !

La crise où les capitalistes augmentent leurs profits par des licenciements et les baisses des salaires, en intensifiant l’exploitation de mille manières, fait tomber les masques : c’est leurs profits OU nos salaires. Les intérêts de la classe capitaliste et de la classe des travailleurs sont diamétralement opposés.

Mais les dirigeants syndicaux tiennent à leurs places de négociateurs qui leur procurent privilèges, notoriété et salaires plus élevés. Alors, depuis des décennies, ils ont accepté les reculs et les ont justifiés auprès les travailleurs pour pouvoir préserver ce système de la « concertation sociale ». Le jour même où des responsables syndicaux faisaient bloquer l’autoroute, donnant ainsi un air radical aux actions, les dirigeants syndicaux acceptaient des reculs importants, notamment concernant les travailleurs en maladie de longue durée, les travailleurs à temps partiel et les pensions complémentaires.

Mais c’est précisément en se faisant garant de la « paix sociale » pour le patronat, en repoussant la lutte collective que les dirigeants syndicaux ont encouragé le patronat à remettre en cause le droit de grève et aussi la position accordée aux appareils syndicaux dans la société.

La politique la plus agressive contre les syndicats est certes portée par la N-VA et des libéraux, moins liés aux appareils syndicaux. Mais le CD&V, traditionnellement lié à la CSC, ne s’y oppose pas vraiment. Seulement, il demande aux syndicats de faire des propositions eux-mêmes pour « moderniser » le droit de grève, en clair le réduire. Voilà la seule perspective qu’offre la « concertation sociale » au camp des travailleurs : se mettre soi-même la corde autour du cou !

Oui, la classe capitaliste est en train de nous renvoyer au 19ème siècle et il ne faut pas les laisser faire. Mais leurs lois réactionnaires ne les sauveront pas. Ils peuvent donner une personne juridique aux syndicats et les condamner chaque fois qu’une action déplaît au patronat, mais ils ne peuvent pas enfermer tous les travailleurs, car ils ont besoin de leur travail !

C’est par leur mépris même que les capitalistes finiront par provoquer l’explosion sociale. Et quand ce ne seront plus quelques centaines de militants qui occupent une autoroute, mais des centaines de milliers de travailleurs qui occupent les entreprises, la peur changera de camp. Voilà ce qu’il s’agit de préparer !