Faire payer les responsables de la crise!

Une conférence de presse des dirigeants de Carrefour et la vie de milliers de travailleurs bascule. Outre les 1 672 suppressions d’emplois annoncées dans les magasins Carrefour, il y a celles chez des sous-traitants et des fournisseurs. Et pour ceux qui gardent leurs emplois, ce sont des baisses des salaires – déjà bien bas – que la direction veut imposer.

Carrefour prétend que ses affaires ne vont pas bien en Belgique et même dans le monde où ses bénéfices auraient reculé d’un peu plus d’un milliard en 2008 à 385 millions en 2009. Mais tout un montage de filiales et de holdings financiers bien opaques, dont certains sont implantés dans des paradis fiscaux, cache bien d’où vient l’argent et où il va.

En tout cas, ces résultats n’empêchent pas le groupe de verser un dividende inchangé à ses actionnaires. Et notamment au milliardaire français Bernard Arnault qui avait récupéré les anciens GB de son acolyte, le milliardaire Albert Frère qui détient à son tour quelques 18% de participation dans le groupe d’Arnault et donc dans Carrefour.

Des dividendes d’environ 761 millions partent ainsi, bon an mal an, dans les poches des actionnaires. Là, il n’y a pas d’économies à faire, c’est même le double du bénéfice annuel qu’ils distribuent!

Or, moins de 10% des 761 millions distribués aux actionnaires suffiraient pour payer les salaires de 1 700 travailleurs temps plein, cotisations sociales comprises (env. 40.000 euros par an).

C’est uniquement pour pouvoir continuer à augmenter encore les profits que les dirigeants de Carrefour envisagent 500 millions d’euros d’économies sur les coûts en 2010, après 590 millions en 2009. C’est sur le dos des travailleurs que les grands actionnaires s’enrichissent malgré la crise et cela est vrai non seulement chez Carrefour, mais dans toutes les grandes entreprises, les banques et, aussi beaucoup de PME.

Oui, pour maintenir et augmenter leurs profits, les capitalistes sont prêts à tout: ils jettent des millions de travailleurs et leurs familles dans la misère et sacrifient l’avenir des jeunes, ce qui ne peut qu’aggraver la crise, car ce n’est pas aux chômeurs que Carrefour pourra vendre plus. Ils ruinent des Etats entiers, comme une poignée de banquiers et de spéculateurs avec la Grèce. Et dans le passé, ils ont déjà montré qu’ils sont aussi prêts à soumettre des peuples à la dictature et les lancer dans des guerres mondiales.

La seule chose qui peut arrêter les capitalistes, la seule chose qui leur fait peur, c’est la colère du monde du travail. Car ce sont les travailleurs, manuels et intellectuels, qui produisent tout, qui font tout fonctionner, et ils sont partout! À Carrefour, Arcelor Mittal, Opel, dans les banques, les transports en commun, et aussi l’enseignement, et la recherche.

Or, qu’ils le veuillent ou non, en poussant les travailleurs vers le chômage, en nous faisant la démonstration quotidienne de leur irresponsabilité, cette explosion sociale ne manquera pas de se produire tôt ou tard.

Oui, les travailleurs peuvent changer le rapport de force, faire changer la peur de camp et imposer des mesures vitales pour l’ensemble du monde du travail et pour toute la société, comme interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits ou en ont fait dans le passé, sous peine de réquisition sans indemnité ou rachat. Ils peuvent imposer le partage du travail entre tous sans perte de salaire, en prenant sur les profits. Et ils peuvent imposer la levée du secret commercial et du secret bancaire et la soumission des comptes des entreprises et des banques au contrôle des travailleurs et de la population, pour qu’on voit où va l’argent, à quoi il sert, pour que tout le monde puisse se rendre compte que l’argent existe pour garantir une vie décente à tous, qu’on y a droit!

Les travailleurs et militants de la classe ouvrière qui défendent aujourd’hui cette perspective sont minoritaires, mais s’organiser autour de cette perspective est la seule option valable. L’avenir est entre les mains des travailleurs qui ne prennent pas les coups des capitalistes comme une fatalité, mais qui se préparent à rendre les coups.