Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise des banquiers

C’est l’évènement sportif « BNP Paribas Fortis Best of Belgium » qui a inauguré la présidence belge de l’Union européenne, rassemblant près de 36.000 spectateurs autour d’un match de tennis entre deux prestigieuses joueuses. Voilà qu’une grande banque nous rappelle qui mène le jeu en Europe !

Lors de la crise bancaire en 2008, les grands actionnaires des banques ont pu compter sur le soutien des États et le crédit quasi gratuit de la Banque Centrale Européenne. Pour renflouer les banquiers, les États se sont fortement endettés, dépassant largement les 3% de déficit par rapport au PIB, un des critères fondamentaux de la zone euro. C’était pourtant au nom de ces 3% que les pays de l’Union monétaire avaient imposé des mesures d’austérité draconiennes à leurs populations dans les années 90. Mais les lois pour étrangler les populations n’ont plus cours quand il s’agit de sauver les grands détenteurs des capitaux ! La dette de la Belgique a ainsi augmenté de plus de 70 milliards d’euros depuis 2008, annulant la réduction du déficit obtenue par les efforts imposés à la population pendant près d’une décennie.

Le seul résultat en est que la dette des Etats est devenue le nouveau champ de l’activité spéculative des banques. Emprunter avec un intérêt de 1% à la BCE, pour ensuite prêter cet argent aux Etats à un taux de 3%, voire 8% ou 13% dans le cas de la Grèce, voilà l’escroquerie qui a permis aux Banques de retrouver des profits d’avant la crise. Mais aujourd’hui, ce n’est plus seulement de la faillite de grandes banques comme Fortis qui menacent l’économie, mais la faillite des États les plus endettés, et finalement l’existence même de l’Euro et de l’Union Européenne.

Les ministres des tous les pays de la zone euro rassemblés au Conseil Européen début 2010 ont pris de nouvelles décisions pour sauver les États les plus endettés, en réalité pour sauver une fois de plus les banques qui possèdent les dettes de ces États. Ils se sont engagés à fournir 760 milliards d’euros (2 fois le PIB belge) au cas où un État européen ne serait plus en mesure de rembourser les banques. Il s’est trouvé des commentateurs qui ont appelé cela la solidarité européenne. Mais si solidarité il y a, c’est celle des gouvernements européens avec les banquiers. BNP Paribas, la Deutsche Bank et consorts ne perdront rien, si un pays comme l’Espagne se trouvait en incapacité de remboursement. La spéculation peut donc continuer.

Sous l’emprise des capitalistes et des banques, l’Europe va vers de nouvelles crises, vers un regain des nationalismes, vers sa propre destruction. De plus, tous les États européens sont en train de prendre des mesures d’austérité draconiennes contre les populations, pour dégager les moyens de rembourser leurs emprunts aux banques. C’est en fait pour les profits des banques et des grandes entreprises que les gouvernements européens veulent réduire les pensions des travailleurs, leurs allocations de chômage, leurs salaires, et les budgets des services publics.

Alors, il faut espérer que les capitalistes et les dirigeants des États de l’Union Européenne récoltent la tempête qu’ils sont en train de semer. C’est la seule réponse possible pour défendre nos salaires, nos pensions, l’avenir de nos enfants.

La montée de luttes peut être d’autant plus forte que dans tous les pays européens, les travailleurs ont les mêmes raisons de révolte, imposées par la même poignée de grands capitalistes. Une force irrésistible devant laquelle les capitalistes sont bien contraints de reculer.

Mais il faudra éviter que les capitalistes reprennent d’une main ce qu’ils ont été contraints de céder de l’autre. C’est pour cela qu’il faudra exproprier les banques pour en faire une seule grande banque soumise au contrôle de ses salariés et de toute la population. C’est une mesure de simple bon sens, la seule qui permettra d’arracher notre vie à l’emprise de la minorité de spéculateurs et d’exploiteurs. La seule qui pourra ôter le pouvoir à une poignée d’actionnaires qui règnent sur le sort de dizaines de millions de travailleurs et de leurs familles, sur le fait qu’ils auront un salaire ou non, une pension ou non, la possibilité de se soigner, de suivre des études, ou non.