Ne nous laissons pas diviser !

Il semblerait que les 8 partis qui négocient aient commencé les marchandages des postes de ministres. Un gouvernement serait donc en vue ? Peut-être, mais les travailleurs du nord comme du sud du pays, n’ont aucune raison de se réjouir.

Les négociateurs semblent avoir conclu des accords concernant les dossiers communautaires : BHV, une nouvelle réforme d’Etat avec des nouvelles régionalisations à la clé, une autonomie fiscale partielle des régions et une nouvelle répartition de l’argent public entre les régions et communautés.

Mais ce n’est pas pour autant que les problèmes communautaires seront résolus. Des deux côtés du pays se trouveront des champions du nationalisme à la sauce régionale pour nous expliquer que nous avons été lésés en tant que Wallons, qu’en tant que Flamands nous payons trop et qu’en tant que Bruxellois flamands ou Bruxellois francophones, nous avons encore une fois été oubliés. Les surenchères communautaires des politiciens ne sont pas prêtes de se calmer.

Mais aucun des partis réunis autour de la table des négociations ne critique les profits réalisés sur le dos de tous les travailleurs du pays, des milliards qui partent des poches de la classe ouvrière dans les coffres forts des banques et des patrons. Et si les uns disent défendre « les Flamands » et les autres « les Francophones » ou « les Wallons », en réalité ils ne défendent pas les intérêts des travailleurs flamands, francophones ou wallons. Ils défendent les intérêts des patrons dans ces régions. Et le nationalisme leur sert à dresser les travailleurs des différentes régions les uns contre les autres, au plus grand profit du patronat. Ainsi dans le budget 2012 en cours de discussion, ils prévoient de réaliser 7 milliards d’économies sur le dos de la population la moins riche.

Même si tout n’est pas connu, la nouvelle réforme de l’Etat ne sera en aucun cas dans l’intérêt des travailleurs.

Il est question de régionaliser des secteurs des soins de santé comme la prévention et la gériatrie, les maisons pour personnes âgées donc. Les travailleurs âgés en Flandre seront-ils mieux soignés ? Bien sûr que non! La seule raison pour cette régionalisation est de faire des économies et de diminuer les cotisations au profit des patrons. Et c’est la porte ouverte aux privatisations. Ce seront des soins chers pour les personnes âgées qui en auront les moyens… et la limite de l’abandon pour ceux qui n’en ont pas. Et cela se fera dans les deux parties du pays !

Il serait aussi question d’un bonus-malus où la Région qui réalise le plus d’économies dans les soins de santé sera récompensée. Voilà un mécanisme pour pousser aux privatisations et faire des économies sur dos des vieux et des malades. Un mécanisme similaire serait prévu dans le secteur de l’emploi. Ce sera à qui exclura le plus de chômeurs ? Mais ce n’est pas cela qui créera des emplois.

Alors ne nous laissons pas diviser ! Face à la crise nous avons plus que jamais des raisons de nous défendre ensemble, car ce sont nos intérêts vitaux qui sont en jeux : nos emplois et nos salaires. Ensemble, que nous parlions néerlandais ou français, nous serons plus forts pour empêcher les licenciements, les baisses de salaires et de pensions. Divisés, nous serions plus faibles.

Les grandes entreprises licencient impunément au Sud comme au Nord du pays, même quand elles font des bénéfices et distribuent des dividendes à leurs actionnaires. Il faut interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices ou qui en ont fait dans le passé !

Les prix augmentent au Nord comme au Sud du pays alors que nos salaires ne suivent pas. Il faut rétablir une vraie indexation des salaires qui suive réellement les prix, sous le contrôle des travailleurs !

Dans la récession qui s’annonce, on produira moins ? Il faut partager le travail entre tous, sans perte de salaire !

L’argent pour cela existe. Et si les patrons nous disent le contraire, et bien qu’ils nous montrent leurs comptes ! On verra bien que le problème, ce ne sont pas les travailleurs de l’autre côté de la frontière linguistique. On verra que le problème vient des banques et des profits élevés des entreprises qui partent vers la spéculation.

Notre sort ne dépend pas d’un gouvernement, les ministres n’ont aucun pouvoir face aux capitalistes. Notre avenir dépend de notre capacité de défendre collectivement nos intérêts vitaux. Il s’agit de faire entendre la voix de la classe ouvrière. Les faux défenseurs des « Wallons » ou des « Flamands » nous désignent de faux adversaires dans le voisin d’en face pour mieux nous cacher nos vrais ennemis capitalistes.