Manque de moyens dans les écoles, maltraitance des aînés : une société malade du profit

Entre 7 et 10 000 enseignants et travailleurs des écoles ont manifesté le 10 février pour dénoncer, entre autres, le manque de moyens de l’enseignement. Depuis des dizaines d’années, la part du budget consacrée à l’enseignement ne cesse de diminuer malgré un nombre d’élèves en hausse. 

Le covid a accentué brutalement les problèmes existant depuis longtemps. Combien d’enfants se retrouvent dans des classes surpeuplées ou juste surveillés par des éducateurs des journées entières car les professeurs absents ne sont pas remplacés ? Combien de jeunes se retrouvent sans certains cours pendant des semaines, parfois des mois ? Le manque de personnel, accentué par les quarantaines et les congés maladies liés au covid privent de plus en plus de jeunes de leur apprentissage. Et si une minorité arrive à payer des cours particuliers à leurs enfants, ce n’est pas le cas pour la majorité de la population. 

Les enseignants, les éducateurs, tout le personnel des écoles se retrouvent à pallier les manques en faisant des heures supplémentaires, en accueillant dans leurs classes les élèves en surnombre, tandis que les parents se retrouvent démunis face aux devoirs remis à leurs enfants.

Ce définancement général de l’enseignement cause non seulement des retards scolaires, mais carrément le décrochage et un grand mal être des enfants et adolescents. Embaucher massivement du personnel est urgent. Mais alors que l’argent ne manque jamais pour arroser les entreprises et pour diminuer les taxes des patrons, les caisses sont vides quand il s’agit d’assurer l’éducation et l’épanouissement des jeunes.

Et il en va de même en ce qui concerne les personnes âgées. La parution en France d’un livre dénonçant la maltraitance dans les maisons de repos du groupe privé Orpea a remis sur le devant de la scène le sort réservé aux anciens dans cette société.

Des personnes âgées laissées seules des journées entières, pas lavées, mal nourries, tout cela en payant de 1 200 à 4 000 euros par mois. Tous ces faits sont en réalité connus depuis bien longtemps. Et ils ne concernent pas que les maisons de repos du groupe Orpea ni le seul secteur privé. Les travailleurs des maisons de repos le dénoncent depuis des années. En 2015 déjà, les travailleurs d’Orpea en Belgique avaient fait grève pour dénoncer le manque de personnel, de matériel, et les salaires insuffisants.

Suite à la réforme des hôpitaux des années 80, les personnes âgées avaient été transférées des services de gérontologie hospitalière dans des maisons de repos. Les capitaux privés se sont alors engouffrés dans ce secteur avec le soutien des gouvernements successifs. Aujourd’hui, en Flandre, il en reste moins de 30% au public. En Wallonie, la loi limite à 50% la part attribué au privé, tandis qu’à Bruxelles, le privédétient 64% des lits. 

Pour les capitalistes, les retraités sont une marchandise comme une autre. Ce qui était naturel dans les sociétés humaines, prendre en charge collectivement les anciens, est devenu source de profit. Et de profits importants.

Pour la bourgeoisie, l’automobile, la distribution, les soins et bien d’autres secteurs pourtant utiles ne sont que des supports interchangeables pour placer ses capitaux pléthoriques. 

Pour développer leurs affaires, ces groupes privés ont trouvé le soutien de l’État, ils bénéficient de millions d’euros d’argent public puisque les soins aux résidents sont financés par les différents gouvernements régionaux.

Quels que soient les partis politiques au pouvoir, toutes les institutions, tous les ministères, sont conçus pour aider les bourgeois à faire des affaires. 

Il faut que les problèmes soient mis sur la place publique. Les mieux placés pour dénoncer les scandales multiples, dans les maisons de repos, comme ailleurs, ce sont les travailleurs, des aides-soignantes aux comptables en passant par les magasiniers. Aujourd’hui, ceux qui osent dénoncer combines et dysfonctionnements sont traqués et licenciés, y compris les militants syndicaux, et tous les témoins demandent l’anonymat. Eh bien, il faut imposer la suppression du secret commercial et des affaires, le contrôle par ceux d’en bas !

Pour s’occuper dignement des enfants et des anciens, il faut embaucher massivement dans les écoles, dans les maisons de repos publiques ou privées, comme dans les hôpitaux.  Quand les enseignants et les travailleurs des maisons de repos revendiquent des embauches, ils se battent pour l’intérêt des jeunes, des anciens, des familles et donc pour l’intérêt général. Dans cette société, ce sont les travailleurs qui ont le plus grand sens des responsabilités. Ils doivent la diriger.