Des dangers du virus aux dangers du capitalisme

L’épidémie du Covid-19 continue de s’étendre, avec son lot de malades et de morts… Commence à se développer aussi une autre épidémie, celle des actionnaires et des patrons contre les travailleurs, avec son lot de licenciements, de fermetures d’entreprises, et de dizaines de milliers de gens jetés dans la misère.

Bien sûr les semaines de confinement pour limiter la propagation du Covid-19 ont mis à l’arrêt toute une partie de l’économie. Mais aucune bombe n’a détruit des milliers de machines, aucun incendie n’a réduit en cendres les stocks de matières premières, il n’y a pas des millions de gens partis en exode, blessés ou morts. L’économie pourrait théoriquement reprendre telle qu’elle s’était arrêtée… Et bien non ! Le fonctionnement du capitalisme ne le permet pas.

La plupart des grandes entreprises vont redémarrer. Mais comme les actionnaires ne sont pas sûrs des profits qui vont rentrer, comme ils veulent même les augmenter, ils se préparent à « couper les branches mortes » comme ils disent et même à tailler dans le vif. Mais c’est de centaines, de milliers de travailleurs dont ils parlent, d’ouvriers, d’employés, de techniciens, d’ingénieurs… pas de bois ou de broussailles ! Et s’ils ne licencient pas, ils font le chantage au licenciement pour faire baisser les salaires.

Le personnel de Brussels Airlines – et de Lufthansa –est parmi les premières victimes. Les syndicats et l’association belge des pilotes ont accepté de réduire le salaire des pilotes, en réduisant leurs heures de travail, pour « éviter la faillite de la compagnie », pendant que d’autres employés seraient licenciés. Il y a moins de trafic aérien, mais pourquoi les profits accumulés par les actionnaires de Lufthansa pendant des années ne serviraient pas à payer les salaires ? Des pilotes moins payés, c’est la consommation qui baisse et la crise qui s’aggrave ! Non, les lois du capitalisme imposent qu’il faut le maximum de bénéfices pour une poignée de profiteurs, le plus rapidement possible, même si cela aggrave la crise à long terme !

Et ce sont les mêmes lois économiques aberrantes qui vont s’appliquer dans tous les domaines, l’automobile, la chimie, l’énergie, la distribution et bien sûr les cafés, restaurants, cinémas et théâtres…

Comme l’avenir des affaires est incertain, les investissements sont annulés, les effectifs de travailleurs réduits au minimum quitte à imposer des horaires et des cadences plus élevées, les primes supprimées, les salaires réduits… Les petits patrons tenteront de « sauver leur entreprise » en supprimant les emplois, les grands patrons et les actionnaires feront tout pour « sauver les profits. » Et en période de crise, cela ne peut se faire qu’en diminuant la masse salariale, en diminuant le nombre de salariés.

Au bout du compte, leur politique de suppression d’emplois aboutira à une crise plus grave ! Chaque décision individuelle des patrons aboutit finalement à préparer collectivement le chaos de la société ! C’est à cela que mène la propriété privée des capitaux, la course au profit et la concurrence. Ces bases du fonctionnement du capitalisme aboutissent finalement à des crises de plus en plus graves et finalement à des guerres.

Cette crise a été accélérée par le confinement dû au Covid-19, mais elle avait commencé bien avant. De nombreux économistes, même favorables au capitalisme, l’annonçaient comme inéluctable. C’est que les milliers de milliards de dollars, d’euros, de livres, de yens, de yuans… que les banques centrales ont mis en circulation ont gonflé des bulles spéculatives qui n’attendaient que l’aiguille pour les faire exploser. C’est ce qu’a fait le minuscule coronavirus !

Les très gros ne perdront rien, au contraire, ils rachèteront pour une bouchée de pain les entreprises qui s’effondreront et ils grossiront encore ! Par contre les travailleurs jetés au chômage perdront tout, car à part leurs bras ou leur tête à louer contre un salaire, ils ne possèdent rien ou pas grand-chose.

Nombre de petits patrons et artisans laminés par la crise perdront leur fonds de commerce hypothéqué auprès des banques.

La guerre est déclarée entre la minorité de capitalistes qui dirigent le monde, qui le dirigent vers le précipice. Il faut que les travailleurs, manuels et intellectuels, se préparent à se défendre.

Les travailleurs hospitaliers qui ont fait la « haie de déshonneur » à Wilmès venue visiter leur hôpital ont eu raison. C’est un début. Mais s’en prendre qu’au petit personnel du capitalisme ne suffira pas, il faudra refuser d’être écrasés par les lois du capitalisme.

On ne peut faire face aux licenciements massifs à venir qu’en imposant le partage du travail existant entre tous, sans baisse de salaires, en prenant sur les profits accumulés dans les banques et sur les comptes des actionnaires et des riches. C’est contraire aux lois du profit… Oui, mais c’est la seule solution !