Tout est à nous !

En 4 jours, plus de 950 000 personnes ont fait un don par SMS à la famille de la petite Pia pour lui permettre d’être soignée avec un médicament vendu à 1,9 millions d’euros aux Etats-Unis. Un formidable élan de solidarité qui montre une fois de plus que la solidarité existe, que spontanément, beaucoup de gens trouvent normal d’aider, de se préoccuper de ceux qui ont besoin d’aide.

Le Zolgensma, vendu par la firme Novartis, est actuellement le médicament le plus cher du monde et jusqu’à présent disponible seulement aux Etats-Unis. Pourquoi est-il si cher ? Parce que la recherche a coûté très cher au géant pharmaceutique Novartis ? Pas du tout !

La recherche fondamentale, menée par des universités en France, a été financée en grande partie par des dons du Téléthon ! C’est seulement à partir du moment où la méthode pour corriger le gène, réalisée par l’équipe de recherche,  a été suffisamment avancée pour laisser entrevoir un produit commercialisable que l’affaire a intéressé un laboratoire privé, en l’occurrence la start-up AveXis créé à cet effet. AveXis a acquis le brevet à 13 millions d’euros en mars 2018. Pour se faire racheter un mois plus tard par Novartis à 7,7 milliards d’euros ! Au même moment, Novartis a distribué 7,27 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires en 2018, en augmentation de 78% en 10 ans.

Alors maintenant que les principaux investissements de recherche ont abouti, les actionnaires de Novartis s’apprêtent à encaisser les profits ! Entre autres la famille Sandoz-Landolt, qui compte parmi les plus grandes fortunes de Suisse. Et comme la maladie est plutôt rare (un bébé sur 10 000, sans compter bien sûr les naissances dans les pays pauvres où ce médicament ne sera même pas commercialisé), ils ont fixé un prix scandaleusement élevé.

Ce prix n’a rien à voir avec les efforts fournis, et encore moins avec les intérêts des malades, la seule chose qui compte pour ces entreprises, c’est le profit !

La solidarité et la générosité des gens, l’effort des chercheurs, des techniciens de labo, des ouvriers qui vont réaliser la production, le transport et la distribution du médicament, mais aussi la sécurité sociale financée par les salaires de l’ensemble des travailleurs, le travail des médecins, des hôpitaux et de leur personnel soignant… tout cet effort humain est spolié pour l’enrichissement personnel d’une poignée d’actionnaires. Actionnaires qui n’ont pourtant contribué en rien à ce résultat formidable !

L’affaire du médicament contre la maladie rare de l’amytrophie spinale est emblématique de cette mise en coupe réglée des formidables capacités de l’humanité par une très petite minorité de très riches parasites capitalistes. Propriétaires des capitaux et des moyens de production, ils ont le pouvoir de détourner l’effort humain pour leurs intérêts à court terme…

De quel droit ?! A l’origine des grandes fortunes, on trouve rarement l’inventeur génial, mais souvent celui qui détient le brevet. Une pratique qui n’a commencé à se généraliser pour les médicaments que dans les années 1960. Bien des vaccins développés avant, n’étaient pas couverts par un brevet, ne pouvaient pas être privatisés, cela aurait même paru aberrant. Car les grandes découvertes sont toujours basées sur les découvertes et inventions qui les ont précédées. Qu’une idée se réalise, est toujours le résultat d’un effort collectif.

A l’origine des fortunes de ces actionnaires des géants du pharmaceutique, mais aussi de l’automobile, de l’aviation, de la télécommunication, de l’informatique, de l’agro-alimentaire… il y a le travail volé de générations de travailleurs dans le monde, obligés de travailler contre un salaire bien moindre que la valeur des richesses créées par leurs cerveaux et leurs mains… quand l’esclavage ou le travail forcé n’est pas leur lot.

C’est ce vol capitaliste érigé en système qui est à l’origine de tous les problèmes auxquels fait face l’humanité : du chômage et des salaires trop bas jusqu’à la destruction de l’environnement, en passant par les guerres.

« Expropriez les expropriateurs ! » était une des devises du mouvement ouvrier au 19ème siècle et cela doit redevenir notre perspective aujourd’hui. C’est la condition pour mettre l’économie sur des bases humaines où elle est soumise aux intérêts du plus grand nombre et non aux intérêts privés de quelques-uns. Nous en avons les moyens. Car nous sommes celles et ceux qui créent toutes les richesses. Nous savons tout faire, car nous faisons déjà tout : de la production jusqu’à la recherche. Et ce n’est pas tout. Nous avons aussi la solidarité, la capacité du don de soi, qui nous rendront mille fois plus fort que la poignée de capitalistes qui nous étranglent aujourd’hui !