Non au nationalisme, non au régionalisme !

Suite au conflit qui oppose le gouvernement espagnol de Rajoy au gouvernement régional catalan de Puigdemont, Rajoy a activé la procédure pour enlever l’autonomie à la Catalogne. Il a reçu le soutien de Merkel et de Macron. Et Charles Michel qui avait tweeté contre l’intervention musclée de la police espagnole le jour du référendum, préfère maintenant se taire.

Que les Merkel, Macron et Michel n’aient pas de problème pour se ranger derrière le gouvernement réactionnaire et la violence policière de Rajoy, n’a rien d’étonnant. Les États bourgeois ont l’habitude de donner de la police contre les manifestants, contre des grévistes ou encore des migrants. C’est cela qu’ils appellent « l’État de droit ». Quand ces gens-là parlent de « droit », c’est toujours du droit de la bourgeoisie et des plus riches qu’il s’agit.

Ce soutien de dirigeants des principales puissances d’Europe au gouvernement central espagnol, apportera des arguments aux nationalistes catalans. Ce sera aussi un prétexte qu’avancera une certaine gauche en Europe, se disant même parfois anticapitaliste, pour justifier leur soutien à ces nationalistes.

Mais si le gouvernement régional catalan du Puigdemont a indubitablement réussi à attirer une fraction importante de la population sous son drapeau nationaliste et indépendantiste, il ne représente aucune alternative positive pour les travailleurs.

Le gouvernement catalan applique la même politique d’austérité que le gouvernement de Madrid et il est tout aussi généreux pour le patronat. Le chômage ne diminuerait pas si la Catalogne devenait indépendante, les salaires et les pensions ne seraient pas augmentés, et la police catalane ne serait pas moins au service des capitalistes catalans, ou autres.

On peut le constater ici en Belgique : ce n’est pas la régionalisation qui empêche les patrons d’imposer la flexibilité, les contrats précaires, l’augmentation de la charge de travail, les suppressions d’emplois.

Les gouvernements régionaux qui prétendent défendre soit les Flamands, soit les Wallons, sont tout autant à la botte du patronat que le gouvernement fédéral. Que reste-t-il des promesses des nationalistes flamands avant la sixième réforme de l’État ? Il n’en reste rien. En Flandre aussi, la situation se dégrade pour les travailleurs et il n’y a pas d’autre choix que de se défendre comme l’a montré la grève chez Volvo.

Au niveau économique, Puigdemont a les mêmes perspectives politiques qu’un Charles Michel, qu’un Bart De Wever, qu’un Macron ou une Merkel : faire payer les travailleurs pour sauvegarder les profits des banques et des capitalistes.

L’exacerbation des tensions régionalistes en Espagne se produit sur fond de crise économique et d’une situation de plus en plus difficile pour les classes populaires. Le taux de chômage des jeunes y tourne autour de 50 % ! Les salaires ont baissé dramatiquement et depuis l’éclatement de la crise bancaire, beaucoup de familles ont perdu leur logement.

Oui, beaucoup de gens ont manifesté ces dernières semaines en Catalogne et dans toute l’Espagne, les uns sous le drapeau catalan, les autres sous le drapeau espagnol. Mais les problèmes des travailleurs, leurs revendications légitimes face à la crise, ne se sont pas exprimés.

Les travailleurs ne sont pas gagnants dans la montée des nationalismes et régionalismes. Ils ne font que les diviser. Qu’ils soient à Madrid ou à Barcelone, à Anvers ou à Liège, les travailleurs subissent la même exploitation, les mêmes attaques du patronat et de ses gouvernements. Ce n’est qu’en s’unissant autour de leurs intérêts communs qu’ils pourront défendre leurs emplois, salaires, pensions et conditions de travail. Se laisser entraîner sous un drapeau nationaliste, c’est se mettre à la remorque du patronat. Car qui, en Wallonie, en Catalogne, en Flandre, ou encore en Andalousie, a le pouvoir de fermer une usine, d’embaucher sous des contrats précaires, de licencier…? Le patronat.

Le drapeau des travailleurs n’est pas catalan, pas espagnol, pas britannique ou écossais, pas flamand, pas belge, ni même européen. Laissons-les aux bourgeoisies ! Le drapeau des travailleurs, c’est le drapeau rouge avec la devise du mouvement ouvrier : prolétaires de tous les pays unissons-nous ! C‘est le seul drapeau sous lequel nous pouvons changer notre sort, en unissant nos luttes pour nous défendre face aux exploiteurs.