Nos frères en humanité, nos frères de classe

Depuis des mois, des centaines de migrants campent au bord de la Gare du Nord et au parc Maximilien. Ils y dorment à même le sol, sans installations sanitaires, dans des conditions inhumaines. Seuls quelques bénévoles leur procurent le stricte nécessaire: des tartines, une soupe, des couvertures et sacs de couchage.

De la part du gouvernement, ces migrants, dont certains sont encore des adolescents, ne reçoivent que des humiliations, voire des coups. La police les harcèle, et la semaine dernière, plusieurs descentes policières d’envergure ont été organisées pour les chasser. Des dizaines ont été arrêtés, ce qui signifie pour eux d’être renvoyés, de reprendre les chemins de l’exil et de risquer à nouveau leur vie.

Le gouvernement répète depuis des mois qu’il va tout faire pour éviter l’installation d’un camp « sauvage » comme à Calais, soulignant le risque sanitaire, des cas de tuberculose et de gale ayant en effet été constatés. Quelle hypocrisie ! Il suffirait d’accueillir les migrants dignement et de leur procurer un logement sain. Ce ne sont pas les moyens qui manquent à ce gouvernement qui envisage l’achat de nouveaux avions de chasse au prix de 100 à 150 millions de dollars pièce.

Mais d’après la logique de Francken, Jambon et consorts, accueillir les migrants dignement en attirerait d’autres et aggraverait la crise. Mensonge ! Accueillis ou non, les migrants arriveront, parce que rester au Soudan où 12 millions de personnes sont en train de mourir de faim, n’est pas une option. Autant partir et tenter d’immigrer, même si certains y laissent leur peau. Rester en Érythrée où règne une des dictatures les plus sanglantes du monde ? Rester au Moyen-Orient à feu et à sang ? Croire que l’Europe peut rester un îlot de tranquillité prospère dans un océan de misère, est une illusion. La réalité, elle, prend de jour en jour des formes plus sanglantes.

Oh, le gouvernement n’agit pas par racisme. Les pauvres d’ici sont traités de la même façon, et pas seulement par la N.VA. Les mendiants sont chassés des centres-villes, à Anvers comme à Charleroi. Et quand, demain, des vieux vendront de pauvres babioles dans les gares, parce que leur pension ne permet plus de vivre, on peut être sûr qu’ils ne seront pas mieux traités !

Déjà, ces ministres ne trouvent-ils pas qu’un chômeur qui n’est pas prêt à faire des kilomètres, voire à déménager pour trouver du travail, mérite d’être sanctionné ?! Chercher du travail à tout prix,  c’est pourtant exactement ce que font les migrants. Car, comme nous, ils font partie des travailleurs qui ont besoin de louer leurs bras ou leur tête contre un salaire pour vivre.

La démagogie des dirigeants capitalistes vise à faire en sorte que les victimes de leur système inhumain s’en prennent à d’autres victimes, plutôt qu’aux responsables de cette société aberrante.

Oui, les travailleurs d’ici et les migrants de là-bas sont dans le même camp. Ce sont nos frères, nos camarades de classe et de lutte ! En bravant tous les obstacles, en traversant des mers et en surmontant les barbelés, à la recherche d’un avenir, ils refusent le sort que cet « ordre » capitaliste mondial leur réserve. Cet ordre dans lequel une petite minorité s’enrichit démesurément sur le dos de la grande majorité de l’humanité. Cet ordre que les gouvernements des pays riches veulent maintenir à tout prix par la force militaire et le maintien de dictatures… et s’il le faut en mitraillant et bombardant avec des avions de chasse coûtant des centaines de millions.

Quand nous refuserons nous aussi de nous laisser réduire aux contrats précaires et aux pensions et salaires de misère, nous serons face à la même police.

Alors, ne nous laissons pas diviser. Ensemble, nous sommes la classe ouvrière capable de faire reculer patronat et gouvernement et même d’en finir avec ce système inhumain.

Alors, liberté de circulation et d’installation pour les migrants ! Les riches peuvent circuler et s’installer partout, les pauvres doivent pouvoir le faire aussi !