Une démagogie nationaliste dangereuse pour les travailleurs

Une grande partie du monde ignorait où se trouve Namur et qu’il existe un gouvernement wallon ? On le sait maintenant. C’est la ville où Paul Magnette, le ministre-président PS de ce village gaulois, a fait pleurer la ministre canadienne du commerce extérieur. Ce vaillant défenseur de la démocratie empêcherait le gouvernement fédéral de Charles Michel de signer un traité commercial avec le Canada, bloquant ainsi son application pour toute l’Europe !

Ces gesticulations du gouvernement wallon et de son ministre-président n’empêcheront cependant pas le CETA (accord économique et commercial global entre l’Union européenne et le Canada) d’être signé, la semaine prochaine ou dans un an, sous ce nom ou sous un autre.

Comme tous les accords entre États, le CETA et son grand frère le TTIP (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, avec les Etats-Unis celui-là), ne contiennent rien de bon pour les travailleurs. Les règles qu’ils mettent en place pour réguler un peu la concurrence entre capitalistes servent bien sûr les intérêts des plus forts au détriment des plus faibles, et toujours au détriment des travailleurs.

Mais les Magnette et compagnie qui fustigent le CETA, voudraient nous faire croire que nous serions mieux protégés par les lois belges ou européennes actuelles que par les règlements instaurés par le CETA ou le TTIP… Pourtant les licenciements, la course aux profits, l’exploitation accrue, la réduction des pensions, la chasse aux chômeurs ne datent pas du CETA. Les pressions contre la population grecque qui a perdu 25% de son niveau de vie sous les pressions de la France et de l’Allemagne notamment, ce n’est pas le CETA !

Oui, il y a une dictature des capitalistes, parce que les patrons ont le pouvoir de licencier sans rendre de compte à personne, et de priver des milliers de travailleurs de leur salaire, tout en faisant des milliards de bénéfices ! Et il n’y a pas besoin d’être une multinationale américaine pour cela. Les Delhaize, Inbev, Bekaert, FN Herstal, Dexia (Belfius), Fortis, Ethias, KBC, UCB… n’ont rien à apprendre de Caterpillar.

Légiférer pour interdire les licenciements ? Lever le secret des affaires pour empêcher les capitalistes de prendre leurs décisions néfastes à l’insu de tous ? On ne peut pas attendre de telles mesures du PS. Au contraire, même les entreprises qui licencient peuvent compter sur les milliards d’euros d’argent public des divers plans Marshall, alors même que le gouvernement wallon fait des économies sur les dépenses indispensables pour la population.

Le show anti-CETA de Magnette ne relève nullement d’un prétendu « virement à gauche » du PS, pas même en paroles. En nous désignant constamment des ennemis extérieurs (au choix : l’Union européenne, le gouvernement fédéral, Merkel, les Flamands… et maintenant le CETA), en appelant au « patriotisme économique wallon », à « consommer wallon », à « entreprendre wallon », c’est le poison nationaliste que le PS répand autour de lui.

Ceux qui nous proposent de nous replier derrière les frontières,en « consommant wallon », en « produisant français », en défendant la « souveraineté britannique », « l’avantage technologique allemand » ou la « culture du travail flamand », qu’ils s’appellent Le Pen ou De Wever, Magnette ou Mélenchon, ce sont des ennemis des travailleurs. Quand ils disent défendre les intérêts nationaux (ou régionaux), il s’agit toujours des intérêts des capitalistes et seulement des capitalistes. Pour les travailleurs, le nationalisme signifie la division, il enchaîne les exploités à leurs exploiteurs au nom d’une nationalité commune.

Les travailleurs ont leurs propres luttes à mener, leurs propres intérêts à défendre, contre ceux du patronat. Pour avoir une chance d’établir un rapport de force qui permettra de faire reculer la classe capitaliste et d’imposer des choix de société vraiment plus humains, les travailleurs doivent renouer avec le vieux mot d’ordre internationaliste du mouvement ouvrier : prolétaires de tous les pays unissons-nous ! Dans l’économie mondialisée du 21 siècle, il a plus de sens que jamais !