Ce ne sont pas les salaires des travailleurs qui coûtent trop cher, c’est la concurrence et le profit !

« La moitié des employeurs belges envisage de licencier, si le gouvernement ne prend pas des mesures pour baisser les charges salariales», a prévenu Pieter Timmermans, administrateur délégué du syndicat patronal FEB.

Comme d’habitude, le patronat fait le chantage : acceptez des baisses de salaires, des baisses de remboursements et d’indemnités de la sécurité sociale, ou on va devoir supprimer des emplois. Et comme d’habitude, ils prétendent que ce n’est pas eux, mais leurs concurrents (réels ou imaginaires) qui les y obligent.

Mais ces 30 dernières années ont montré que toutes les baisses des « charges salariales » n’ont pas empêché les patrons de licencier, ni le chômage d’augmenter, ni la précarité de s’installer.

En 1996 par exemple, le patronat a pu garder 1,3 milliards d’euros du montant qu’il aurait normalement dû verser à la sécurité sociale, par ce qu’on appelle des baisses de « charges patronales ». En fait une baisse des salaires indirects, c’est-à-dire qui ne sont pas directement versés aux travailleurs, mais alimentent la sécurité sociale. 19 millions d’euros de salaires étaient payés par l’Etat à la place des patrons.

Ces cadeaux ont été renouvelés et augmentés chaque année et atteignent aujourd’hui près de 11 milliards ! Le « fardeau » des salaires dont les patrons se plaignent tant est donc déjà largement allégé. Cela a servi à maintenir ou augmenter les profits, pas à limiter les suppressions d’emplois.

Et il faut y ajouter les différents sauts et manipulations de l’indexation des salaires qui seraient aujourd’hui bien plus élevés sans cela. Et bien sûr toutes les réductions fiscales dont peuvent profiter les entreprises. Ainsi, les 1000 sociétés qui réalisent les plus grands profits, n’ont payé que 5 à 6% d’impôt sur leurs profits. A eux seuls, les intérêts notionnels ont permis aux sociétés une économie d’impôt de 20 milliards d’euros en 2012.

Et qu’est-ce que les capitalistes ont réussi à en faire ? Le chômage est à nouveau à la hausse, bien des usines sont fermées et livrées à la rouille, les infrastructures sont délabrées, les services publics devenus de plus en plus inefficaces. La pauvreté et la précarité ont pris des proportions scandaleuses, et cela alors qu’il n’y a jamais eu autant de milliardaires ! Ni autant de spéculation et de moyens financiers mal utilisés.

Et ce sont ceux-là qui osent dire que les travailleurs coûtent cher ?

Non, ce n’est pas pour maintenir l’emploi que les patrons font pression dans le sens de nouvelles baisses des salaires et des cotisations sociales, mais pour augmenter leurs profits. Et pour augmenter leurs profits, ils vont aussi licencier, intensifier les rythmes de travail, etc.

Oui, il faut s’attendre à ce que les employeurs procèdent à des licenciements dans l’année qui vient, et qu’ils intensifient encore l’exploitation alors que déjà aujourd’hui, les travailleurs perdent leur santé au travail, sans pour autant toujours pouvoir boucler leurs fins de mois.

Non, nos salaires ne sont pas trop élevés ! Mais les capitalistes veulent s’enrichir davantage en exploitant davantage les travailleurs!

Il ne faut plus les laisser faire ! Il faut imposer l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans perte de salaire. Face à la rapacité capitaliste, il faut défendre notre peau.

Collectivement, les travailleurs peuvent être une force, car sans eux, les usines ne tournent pas, les trains ne roulent pas, le réseau électrique reste sans courant, tout s’arrête. Quant aux patrons, qui remarque leur absence ? Dans combien d’usines on produit tous les jours, sans que les actionnaires qui empochent les dividendes, y aient jamais mis les pieds ?

C’est quand la classe ouvrière relèvera la tête, quand elle s’affirmera à nouveau comme une classe consciente de ses intérêts et les défendra avec autant de détermination que les patrons défendent aujourd’hui les leurs qu’on verra les patrons ravaler leur arrogance, car ce ne sont pas eux les plus forts, ni les plus nombreux, ni les plus utiles. L’avenir est aux travailleurs, pas au profit.