L’Europe capitaliste condamne à mort les migrants

Chaque année des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes meurent noyés dans le naufrage de leur embarcation en Méditerranée en tentant de quitter la misère de leur pays en guerre.

Quand cette hécatombe cessera-t-elle ? Combien de Syriens, d’Érythréens, de Soudanais ou de Somaliens devront encore mourir aux portes de l’Europe avant que l’Union européenne daigne lever le petit doigt ?

Avec la multiplication des passeurs sur les côtes libyennes et l’afflux de migrants ces derniers mois, l’urgence de la situation était connue. Et qu’a fait l’Union européenne ? Elle a refusé de participer au financement du dispositif de sauvetage mis en place par l’Italie qui avait permis de sauver 150 000 vies.

En réduisant le nombre et la portée des patrouilles, les dirigeants de l’UE ont fait le choix de laisser mourir ceux qui tenteraient la traversée. C’est de la non-assistance à personne en danger.

Et maintenant, les dirigeants s’entendent pour durcir leur politique criminelle contre les migrants. Car s’ils veulent que l’Europe « coopère », ce n’est pas pour sauver les migrants, c’est pour les refouler !

Leur problème immédiat est de trouver en Libye une personne qui puisse, comme Kadhafi le faisait si bien, garder les côtes du pays. C’est dire que le sort de ces femmes et de ces hommes ne les intéresse pas du tout.

Nombre de candidats à l’immigration voudraient arriver par des voies sécurisées et légales pour demander l’asile. Au lieu de cela, ils sont traqués comme des parias et se retrouvent sous la dépendance de passeurs sans scrupules. Les dirigeants européens peuvent dénoncer les passeurs, mais ce sont eux qui exposent les migrants à des risques de plus en plus grands.

Près de 4 millions de Syriens ont fui leur pays, en guerre depuis 2011 ; la grande majorité s’est réfugiée en Turquie ou au Liban, c’est-à-dire dans les pays voisins comme c’est le cas pour tous ceux qui sont chassés de leurs pays. L’Europe n’en a accueilli que 123 600.

Seule cette petite fraction a pu rejoindre l’Europe développée, mais cela suffit aux plus démagogues pour parler d’une « bombe migratoire », comme le FN en France. Agiter ce fantasme quand des enfants, des femmes et des hommes meurent sous des bombes, bien réelles celles-là, est révoltant.

Les dirigeants européens s’échinent à tenir les peuples les plus pauvres à distance. Mais le système qu’ils servent multiplie la misère, les guerres et les persécutions.

Ils ont toujours les mots « démocratie », « paix », et « développement » à la bouche. Mais qu’ont-t-ils apporté à l’Afrique, si ce n’est le pillage continu de ses richesses ? Alors que la Belgique et la France sont intervenues militairement des dizaines de fois en Afrique et au Moyen-Orient, elles n’y ont amené qu’une succession de dictatures et la dévastation.

Quant aux dernières manœuvres guerrières des puissances impérialistes en Irak, en Syrie ou en Libye, elles ont conduit au dépeçage des États par des milices surarmées.

Condamner les peuples au dénuement extrême, les emprisonner dans leur situation d’exploités fait partie de la guerre menée par la bourgeoisie contre les pauvres. La lutte que les États riches mènent contre les migrants en est un aspect infâme.

Les exploités d’ici n’ont pas à se protéger des plus pauvres, mais des plus riches, c’est-à-dire des capitalistes. C’est leur pouvoir sur la société qui crée tant d’inégalités et d’injustices.

Depuis plus d’un siècle, les moyens de production sont largement suffisants pour satisfaire les besoins de toute l’humanité sans que les peuples aient besoin de se déchirer les uns les autres pour disposer du nécessaire.

L’Europe elle-même concentre de formidables richesses. Mais elles s’accumulent dans les poches d’une minorité, sont gaspillées dans des caprices de riches ou dans la spéculation et manquent cruellement pour satisfaire les besoins de la majorité.

Avec la bourgeoisie parasitaire au pouvoir, ce système n’accordera jamais à tous le droit de vivre dignement. Pour mettre fin à cette barbarie, les travailleurs doivent arracher les moyens de production des mains de la minorité capitaliste et en prendre eux-mêmes le contrôle.