Ce ne sont pas les élections qui changent la vie, mais les luttes sociales.

Comme à chaque élection, les partis politiques de gouvernement tentent de nous convaincre de leurs différences. Mais quelles différences y-a-t-il entre des partis qui gouvernent ensemble depuis plus de 50 ans et mènent la même politique ? Dans ce théâtre de marionnettes, Bart de Wever tient le rôle du méchant séparatiste, pendant que les autres nous expliquent comment ils vont « sauver le pays » par une grande réforme de l’Etat.

Mais ce ne sont là que les agitations de pantins. Le scénario du prochain gouvernement est déjà écrit, par les banquiers et le patronat. Ce sont les banques et les grandes entreprises qui imposent leurs politiques aux gouvernements d’Europe, qu’il y ait ou non des élections. Car pour fournir des milliards aux banquiers et les sauver de la faillite, tous les États se sont endettés jusqu’au cou. Les gouvernements sont maintenant obligés d’emprunter toujours plus aux banques pour rembourser les échéances. Et ils diminuent les autres dépenses, surtout les dépenses les plus indispensables à la population.

En Grande-Bretagne, la coalition des Conservateurs et des Libéraux-démocrates, issue des récentes élections, s’engage dans une politique d’austérité et veut supprimer 300 000 emplois dans la fonction publique! En Espagne, le gouvernement est socialiste, mais il poursuit exactement la même politique, au profit des mêmes financiers et spéculateurs. Et c’est la même politique que mènent les gouvernements réactionnaires de Sarkozy en France et de Berlusconi en Italie, les gouvernements socialiste portugais, de centre droit irlandais et de coalition centre-gauche aux Pays-Bas…

Alors, quelle que soit l’issue des élections en Belgique, quelle que soient les combinaisons gouvernementales qui sortiront des négociations entre les politiciens belges, les travailleurs doivent se préparer à riposter aux mêmes attaques.

La prochaine « Réforme de l’Etat » sera l’occasion de nouvelles attaques contre la sécurité sociale, de nouvelles réductions des retraites et des allocations de chômage, des suppressions d’emplois dans la fonction publique.

Ces mesures d’austérité ne permettront en aucun cas de sortir de la crise du capitalisme, ni de réduire le chômage. Les ministres peuvent décider d’augmenter l’âge de la retraite, mais ils se refusent à empêcher les patrons de se débarrasser des travailleurs âgés. Les ministres peuvent diminuer ou supprimer les allocations chômage, mais ils ne sont même pas capables de mettre fin aux licenciements. Ce qui fait que les travailleurs remis provisoirement au travail avec des contrats précaires et mal payés remplaceront une partie des CDI supprimés par les patrons.

Pour le patronat, une nouvelle réforme de l’Etat, qui verrait notamment la scission de la sécurité sociale serait surtout un moyen d’obtenir de nouvelles baisses de la fiscalité des entreprises, c’est à dire de reporter la charge de l’impôt sur les travailleurs par de nouvelles taxes.

Non, il n’y a rien de bon à attendre, ni des politiciens qui prétendent « sauver le pays », ni de ceux qui prônent le séparatisme.

Dans ces élections, on peut utiliser son bulletin de vote pour dire avec le PTB qu’il faut taxer les milliardaires, que c’est aux riches de payer, pas aux travailleurs. Ce serait en effet la moindre des choses.

Mais le vote ne suffit pas. Même s’il y avait des élus favorables aux travailleurs, ils n’auraient aucun pouvoir pour imposer quelque mesure que ce soit favorable aux travailleurs. Il n’y a que la force des luttes d’ensemble des travailleurs qui peut permettre aux travailleurs et à leur famille d’éviter les mesures d’austérité que les patrons et les gouvernements veulent leur imposer.

S’ils ne veulent pas se faire complètement écraser par le capital, les travailleurs devront se défendre avec leurs propres moyens, avec leurs propres armes de classe : les grèves, les manifestations de rue, une explosion sociale assez puissante pour que la classe capitaliste craigne pour ses profits, pour sa propriété, pour son pouvoir sur l’économie.

Et pour empêcher que, la peur passée, la classe capitaliste s’emploie à reprendre ce qu’elle aura dû lâcher, il faudra imposer le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises et des banques. Sans ce contrôle, les patrons peuvent raconter n’importe quoi, affirmer qu’ils n’ont pas les moyens d’accorder satisfaction même aux revendications élémentaires. Eh bien, il faut que les travailleurs puissent vérifier leurs comptes, ce qu’ils gagnent, ce qu’ils dépensent, ce que touchent les actionnaires.

Il n’y a que comme cela que le monde du travail pourra arrêter la plongée vers la misère.