Ne nous laissons pas diviser !

Les dirigeants politiques censés former un gouvernement fédéral semblent chaque semaine au bord de la rupture.

Et si De Wever prétend défendre les intérêts de tous les Flamands, Di Rupo prétend défendre ceux de tous les Francophones. Mais c’est faux, dans un cas comme dans l’autre !

Est-ce que les travailleurs flamands ont quelque chose à gagner si on scinde les impôts sur les personnes physiques ? Bien sûr que non ! Cela ne changera rien au fait que ce sont les travailleurs qui portent le gros des revenus fiscaux de l’Etat.

En 2008, l’impôt sur les sociétés ne représentait que 12% des revenus fiscaux de l’Etat belge, alors que l’impôt indirect (la TVA) – surtout payé par les travailleurs et leur famille – et l’impôt sur les personnes physiques fournissent les 88% restant. Par contre, 20 des plus grands employeurs du pays n’ont quasiment pas payé d’impôt en 2008 et/ou 2009, tout en faisant des bénéfices, alors que le fisc réclamera des milliers d’euros aux centaines de milliers de travailleurs qui ont subi du chômage partiel suite à la crise. Quant à la réduction forfaitaire de l’impôt pour les travailleurs en Flandre, le jobkorting, introduit en 2007, elle a été limitée depuis lors aux ménages au plus faibles revenus et son montant a été diminué de plus de la moitié par le gouvernement flamand (CD&V, N-VA, sp.a) pour faire des économies.

Ce n’est pas Bart de Wever qui fera payer plus aux entreprises situées en Flandre – et moins aux travailleurs –, il ne prend même pas la peine de le promettre ! Par contre, la VOKA, l’organisation patronale flamande, dont deux des anciens dirigeants sont aujourd’hui ministres au gouvernement flamand sous étiquette N-VA, plaide pour encore baisser les impôts des entreprises. Que la Flandre plus riche cesse de verser un surplus à la Wallonie plus pauvre, cela n’aidera pas les travailleurs flamands, mais profitera uniquement aux patrons et aux riches !

Mais c’est bien cela le piège du nationalisme : c’est de faire croire aux travailleurs qu’ils auraient des intérêts communs avec les riches, avec les patrons, les capitalistes, les actionnaires et spéculateurs, parce qu’ils parlent la même langue ou habitent la même région.

Mais si le nationalisme de la N-VA et la politique pro-patronale qu’il masque, sont dénoncés à juste titre par la FGTB et quelques 200 artistes flamands, il n’en est pas le même du nationalisme du PS, qui n’a pourtant pas grand-chose à envier à celui de la N-VA !

Il ne faut pas oublier que ce sont les socialistes wallons qui ont poussé à la scission du parti socialiste belge, que ce sont les socialistes wallons qui ont défendu le « fédéralisme » qui a consisté à découper le pays en communautés linguistiques et régions pour favoriser les subventions au patronat wallon dans les années 1970-1980. Le « confédéralisme » défendu aujourd’hui par les partis flamands, n’en est que la continuation. Le PS pose en défenseur « des Wallons » (et des Bruxellois francophones) contre « les Flamands »… mais il a surtout défendu les intérêts des patrons, pas ceux des travailleurs.

Pas plus que la NV-A et les autres partis flamands, le PS ne veut faire payer les riches et le patronat. Avec le Plan Marshall, enfant chéri du PS, 2 milliards d’euros partent chaque année dans les coffres forts d’entreprises qui font pourtant des profits. Telle l’UCB, dont l’actionnaire principal, la famille Janssens est une des grandes fortunes du pays.

Les travailleurs en Wallonie ont des intérêts communs à défendre, pas contre les travailleurs flamands, mais contre ce richissime baron francophone et ses semblables. Et cela se fera sans le PS qui désigne « les Flamands » comme responsable de la situation précaire du budget wallon, alors que ce sont les cadeaux passés aux banques et aux riches actionnaires qui plombent le budget de l’État.

Et puis, au-delà des déficits passés, il y a une note de 25 milliards, voire plus, à régler pour avoir sauvé les banquiers et les grandes entreprises de la faillite en 2008. Les négociateurs sont d’accord dans toutes les langues pour faire payer cette note à la population. Et c’est précisément cela qu’ils veulent nous faire oublier, les uns en accusant « les Wallons », les autres « les Flamands ». Mais les classes laborieuses n’oublient pas. La fin du mois arrivant de plus en plus tôt, les jours où dans chaque ménage de travailleur on y pense, sont de plus en plus nombreux. Non, ce ne sont pas les classes populaires qui sont responsables de la crise, ce n’est pas à eux de la payer !

C’est bien pour cela que tant au nord qu’au sud du pays, les dirigeants politiques s’appliquent à nous diviser, car ils savent bien que tôt ou tard la colère éclatera, et que tous ensemble, les travailleurs peuvent imposer qu’on prenne sur les profits pour partager le travail entre tous, sans perte de salaire, afin qu’aucun travailleur ne doive faire des sacrifices pendant que les actionnaires empochent des dividendes ! Tous ensemble, nous pouvons refuser de payer la dette des riches actionnaires ! Qu’ils la remboursent eux-mêmes !