Une catastrophe naturelle amplifiée par l’irresponsabilité capitaliste

Aucun être humain ne peut rester indifférent devant la catastrophe multiple qui frappe la population japonaise.

Ce n’est pas tant le tremblement de terre qui a tué, le plus fort pourtant depuis qu’on mesure les secousses sismiques dans la région. Dans le pays riche qu’est le Japon, les constructions récentes sont antisismiques ; on n’y voit pas des plaques de béton de mauvaise qualité écraser des classes entières d’écoliers comme en Haïti, pays pauvre.

Cela n’a cependant pas suffi pour empêcher le tsunami particulièrement fort qui a suivi de détruire des villes et villages entiers… et les systèmes de refroidissement de la centrale nucléaire à Fukushima.

La population japonaise subit donc maintenant une catastrophe nucléaire dont l’étendue pourrait devenir dramatique.

Et là, il ne s’agit plus de forces naturelles contre lesquelles on est impuissant. Il s’agit de forces que l’homme a mises à son propre service. Ce n’est pas tant l’énergie nucléaire en elle-même qui est en cause, une société humaine consciente et responsable de ses actes pourrait développer cette forme d’énergie au fur et à mesure de sa maitrise. Mais dans la société capitaliste où seul compte le profit, il est révélé maintenant que beaucoup de risques ont été volontairement sous-estimés.

Sur son site Internet, la société Tepco, qui exploite les centrales de Fukushima, mettait en avant ses dividendes élevés, le cours de ses actions évoluant très profitablement…

Pourtant en 2002, Tepco a été obligé de fermer temporairement tous ses réacteurs: pendant 20 ans, ses dirigeants avaient systématiquement falsifié leurs rapports, omis de mentionner la corrosion ou des fissures dans des pipelines, sous-évalué la température de l’eau de refroidissement, ils étaient allés jusqu’à manipuler des vidéos prises à l’intérieur de la centrale.

Un tremblement de terre en 2007 endommagea la centrale de Kashiwazaki-Kariwa. La radioactivité libérée à cette occasion fut délibérément sous-évaluée, tout comme l’avaient été les risques sismiques pour permettre la construction de la centrale. C’est après le tremblement de terre que les dirigeants de Tepco daignèrent remarquer que la faille passait directement sous la centrale ! Dans les mois suivants le séisme, plusieurs incendies se sont produits dans la centrale. Ce qui n’a pas empêché les autorités d’autoriser sa remise en service quelques mois plus tard.

Un ingénieur qui avait contribué à la construction de Fukushima I, mentionne notamment les conduites extérieures de l’eau de refroidissement et des conduites d’électricité : si elles avaient été enterrées, le tsunami n’aurait pas pu les arracher. Mais cela aurait naturellement coûté plus cher.

La population a toutes les raisons de se méfier des déclarations de Tepco et du gouvernement qui n’a que les informations que Tepco veut bien lui donner. Ce n’est pas une fois, c’est systématiquement que le profit est passé avant la sécurité de la population… et des travailleurs des centrales, qui en ce moment tentent de sauver ce qui peut l’être, en sacrifiant leur santé, au péril de leur vie pour la sécurité de tous.

Le monde capitaliste, lui, s’est immédiatement lancé dans la spéculation sur l’évolution des prix du pétrole, du charbon, de l’uranium, du Yen, et à vendre ses actions d’assurances… Des sociétés aériennes ont profité de la panique pour augmenter le prix des billets d’avion. Les sociétés automobiles réfléchissent comment mettre à profit le coup subi par le concurrent Toyota… Quant aux banques japonaises, elles ont eu immédiatement droit aux aides de la Banque Centrale qui a déjà injecté l’équivalent de 350 milliards d’euros, sans autre résultat que d’aggraver encore la spéculation. Alors que des milliers de survivants errent dans les ruines, démunis de tout, de chauffage, de nourriture, d’eau…

Les masses laborieuses japonaises, en plus du tremblement de terre, du tsunami et de la contamination radioactive, risquent de voir une catastrophe supplémentaire s’abattre sur elles : celle de la crise économique et du chômage.

Il est dans l’intérêt de l’humanité toute entière que les travailleurs, ceux qui font fonctionner les centrales nucléaires, les plateformes pétrolières, et tout le reste, prennent le contrôle de l’économie et de ses sources d’énergie. Cela ne pourra pas empêcher les tremblements de terre, mais cela garantira que les moyens techniques extraordinaires d’aujourd’hui serviront d’abord l’intérêt et la sécurité de tous !