Entre les capitalistes et l’avenir, il faut choisir!

Et voilà la rentrée des classes.

Les élèves retournent dans les classes surpeuplées et font connaissance avec le local vétuste ou le container – c’est selon – qui leur tiendra lieu de salle de cours. Cette année, manqueront-ils de prof de math ou de prof de néerlandais, ou des deux ? Ils découvrent aussi leur horaire, mais tout le monde sait qu’il changera encore quelques fois.

Une incertitude et un inconfort qu’ils partagent avec leurs profs. Les jeunes enseignants sous contrats de plus en plus précaires découvrent dans combien d’écoles ils devront cumuler les temps partiels et quelle matière on leur y fera enseigner en fonction des pénuries d’enseignants de plus en plus difficiles à maquiller.

Et les parents font une fois de plus l’expérience que l’enseignement est loin d’être gratuit. Une fois les fournitures achetées, les frais de photocopie et l’abonnement scolaire payés, la facture s’élève déjà à plusieurs centaines d’euros par enfant. Et si certaines écoles en viennent à exiger l’investissement dans un ordinateur personnel pour la bagatelle de 250 euros, d’autres en sont à demander aux enfants d’amener leur propre rouleau de papier toilette…

C’est le résultat d’un désengagement de l’Etat de l’enseignement qui a des conséquences de plus en plus catastrophiques. Et les enfants des classes populaires sont les premiers à en faire les frais, car tout le monde n’a pas les moyens de payer les cours privés de rattrapage sans lesquels rien ne va plus. Remettre la charge de l’enseignement sur les épaules des parents, c’est aussi pour chaque enfant, faire dépendre ses chances d’acquérir compétences et culture des moyens de ses seuls parents.

Depuis les années 80, tous les gouvernements successifs ont fait le même choix : les impôts et les charges sociales des entreprises ont été de plus en plus réduits. Aujourd’hui, les très grandes banques et entreprises qui ne payent quasiment pas d’impôt ne sont pas rares. Au-delà d’une baisse considérable de l’impôt officiel, elles profitent d’une kyrielle de possibilités pour contourner l’impôt.

En même temps, elles ont pu profiter des multiples cadeaux de l’Etat : suite à la crise dans les années 70, les Etats se sont endettés pour soutenir les entreprises de leurs capitalistes, et dans les années 80, ils ont commencé à restreindre les dépenses à destination de la population, tout en continuant les cadeaux aux patrons et actionnaires.

L’enseignement, comme tout le secteur public, a été mis au régime : En 1980, les dépenses pour l’enseignement étaient supérieures à 7% du PIB (l’ensemble des richesses produites). En 2009, ce chiffre n’atteint plus que 5,5% du PIB. A taux égal, l’enseignement, tous réseaux et toutes communautés confondus, devraient avoir quelque 5 milliards d’euros supplémentaires par an. De quoi mener à bien quelques rénovations, embauches et augmentation de salaires et de permettre à tous les enfants de développer toutes leurs capacités.

Depuis la crise bancaire en 2008, les grandes banques et entreprises sont devenues encore plus gourmandes en aides de l’Etat. Des montants astronomiques ont servi à soutenir les banques dans la crise des subprimes, et continuent à être déboursés aujourd’hui dans la crise dite « grecque », mais qui est en vérité une nouvelle spéculation sur les obligations d’Etat. Et tous les Etats présentent la note à leurs populations.

Que les enfants des milieux populaires fassent les frais de cette crise dont ils ne sont en rien responsables – pas plus que leurs parents -, c’est proprement révoltant. Pourquoi serait-ce aux jeunes, pourquoi serait-ce aux familles populaires de rembourser une dette creusée par une poignée d’exploiteurs et de spéculateurs irresponsables ?

Dans l’organisation capitaliste de la société, le profit compte bien plus que les êtres humains. C’est un système qui n’engendre plus de progrès, mais qui tire toute la société en arrière.

Alors, il faut nous préparer à nous défendre. Mais dans les luttes à venir, il ne s’agira pas seulement de faire payer les riches responsables de la crise. Il s’agira de leur ôter le pouvoir, pour qu’enfin, l’être humain devienne le centre de l’économie et non plus la victime d’une poignée d’exploiteurs.